La Chartreuse du Liget

La chartreuse du Liget est un ancien monastère de l’ordre des chartreux, situé à Chemillé-sur-Indrois, en  Centre-Val de Loire.

Joël Thibault, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

Histoire du monastère des chartreux

La chartreuse de Liget: le développement de la réforme grégorienne

A l’origine des moines ermites de Chartreux s’installent en forêt près de la ville de Loches. La Chartreuse du Liget fut élevée par Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou et Roi d’Angleterre qui voulait s’absoudre et obtenir le pardon pour le meurtre de l’Archevêque de Canterbury. Pour ce faire, le roi demanda aux moines de Villeloin de lui vendre la terre nécessaire.

Henri II  affirme son autorité sur la Touraine qui devient le centre de l’empire Plantagenêt, s’étendant de l’Ecosse aux Pyrénées. Henri II fait de Chinon sa capitale. Pendant son règne il cherchera à promouvoir la fondation de nouveaux monastères relevant de la réforme grégorienne pour contrer l’ordre de Cluny. Ainsi il affermit localement son pouvoir et limite celui des grandes abbayes bénédictines puissantes et riches. La Charteuse de Liget est d’ailleurs le seul monastère cartusien en Touraine.

La Chartreuse du Liget: un riche et vaste domaine

« Montresor20 » par Manfred Heyde — Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons – https://commons.wikimedia.org/

Formant un total de 880 hectares en terres, prés, pâturages, jardins et vignes qui s’ajoutaient à  526 hectares de forêts et 43 hectares d’étangs,  ce domaine apporte richesse et puissance aux chartreux. C’est au coeur de ces terres que s’étend l’immense domaine de la Chartreuse du Liget.

Celle-ci a beaucoup d’importance au Moyen âge, comptant plus de 25 frères qui gèrent plus de 2500 hectares de terres. plus rare est le fait pour la chartreuse de détenir les droits de justice sur son fief.

La destruction à la Révolution de la Chartreuse du Liget

Seules quelques ruines subsistent du monastère médiéval qui ne résista pas à la guerre de cent ans, aux guerres de religion et à la Révolution. Vendue comme bien national, un marchand de vin acquiert le domaine et le transforme en carrière. Les onze moines encore installés doivent partir, on est en 1791, le mobilier, la bibliothèque , ses livres et ses oeuvres  sont dispersés ou détruits.

Le domaine du monastère reconstitué

L’ancien maire de Loches rachète une partie du domaine en 1837 dont ses fils héritent. Après partition, un des fils rachète le tout et commence les travaux de restauration et reconstitue le domaine initial (le « désert ») en rachetant les terres alentours. ses descendants poursuivront son oeuvre et après la première guerre mondiale, la chartreuse du Liget s’étend sur 700 hectares.La chapelle Saint jean, abandonnée par les moines dès le XVIe siècle ne présente plus que des ruines. Le site présente une porte fortifiée du XIIe siècle qui est toujours en état.

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Aujourd’hui, les bâtiments sont la propriété partagée de deux femmes.

Chartreuse du Liget et Corroirie : deux entités distinctes

Selon la règle  des chartreux  deux lieux de vie spécifiques séparent la communauté: ceux isolés dans leur cellule consacrant leur vie à la contemplation, vivant dans la maison  haute, la Chartreuse  au lieu dit le Liget, et ceux partageant leur vie entre prière et travail au service de la communauté qui vivaient à la maison basse sur le fief féodal fortifié de Cracay que l’on nomme la Corroirie.

La Corroirie

La corroirie, (terme latin conredium) accepté pour désigner  tout ce qui touche à l’aspect matériel de la vie d’un moine, est construite dans la vallée de l’Aubigny, sur la route de Loches à Saint-Aignan-sur-Cher, entre le coteau et le cours d’eau.

https://journals.openedition.org/racf/2125

Cet ensemble médiéval  constituait le cœur économique du monastère de la  Chartreuse du Liget et logeait les frères convers, les oblats, les moines malades, les hôtes de passage, le père procureur chargé de la gestion du domaine monastique.

La Corroirie englobe toutes les activités que pratiquaient les moines pour répondre à leurs besoins: , nourriture, vêtements, entretien…et protection. Ce qui explique la construction fortifiée pour se protéger en cas de danger ou d’attaque. La guerre de Cent Ans puis les guerres de religion, ont amené  la Corroirie à se doter de fortifications avec  douves, châtelet d’entrée, tours et ouvertures de tir adaptées à l’artillerie. Elle devint une véritable lieu de pouvoir digne de toute seigneurie, disposant notamment d’une prison, exemple très rare en milieu monastique. Une église est édifiée en 1228. Son établissement se situe à la fin du XII^e s et se développa jusqu’à  sa transformation en minoterie au XVII^e s avec  deux moulins hydrauliques.

https://journals.openedition.org/racf/2125

Vendues comme biens nationaux après la Révolution, les bâtiments  ne sont sauvés contrairement  à la chartreuse, uniquement parce que la Corroirie fut  transformée en exploitation agricole, évitant ainsi la destruction.

https://journals.openedition.org/racf/2125

La corroirie pendant tout le XVIII et XIXe siècle fut une exploitation agricole, passant par divers acquéreurs. Le dernier, Alfred-Joseph Roger était sans héritier, la Corroirie fut donc vendue par lots.

René de Marsay, déjà propriétaire du monastère depuis 1837,  acheta 12 de ces lots. Il s’emploiya alors à recomposer l’espace appelé le désert des Chartreux. Ses descendants poursuivirent cette œuvre. A la mort du  dernier héritier, le comte Jacques de Marsay, en 1975, la propriété du Liget couvrait 700 ha, autant voire plus que le désert originel. La Corroirie et une partie des terres devint la propriété d’une des filles de Jacques de Marsay, la comtesse Guy Boula de Mareüil, née Germaine de Marsay. Décédée en décembre 2012,  c’est sa fille Jacqueline qui a hérité du domaine.

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« Montresor20 » par Manfred Heyde — Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons – https://commons.wikimedia.org/

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