CHILI, le bout du monde

Notre voyage au Chili

A l’origine, nous devions partir pour le Japon pour répondre à l’invitation d’un de nos amis. Au mois d’août, la nouvelle tombe, ma nièce se marie en février… au Chili! Deux voyages à perpet dans l’année impossible pour notre pauvre budget de salariés de l’hôtellerie de plein air! Nous choisissons d’aller faire la fête au bord du Pacifique.

Préparations du voyage

Le mois de septembre fut, pour ma part, consacré à trouver les vols les moins chers. Après la réservation des billets, j’ai poursuivi mes recherches internet pour la préparation de notre voyage. Après quelques jours de documentation intensive, je m’arrête sur trois agences de voyage proposant des circuits sur le Chili. Nunatak proposant un tour complet de la Patagonie. La maison des Andes offrant la Patagonie et Atacama Et enfin 66°Nord qui m’apportait davantage de souplesse, dont les options correspondaient à mes attentes: se charger des transports et de l’hébergement uniquement selon un programme qui s’adaptait aux étapes liées aux contraintes du mariage. Et tout cela sans être plus cher et avec une réelle motivation de trouver avec nous la meilleure solution.

La contrainte majeure était d’adapter le circuit sans la prise au départ de Paris, nos billets étant déjà achetés. Je remercie d’ailleurs 66°Nord de nous avoir permis d’intégrer notre vol Paris-Santiago via Madrid et retour dans le forfait que fait la LAN (Compagnie des vols chiliens) qui demandent plus de trois vols AR pour bénéficier de tarifs extrêmement avantageux. Nous partions là-bas avec ma fille et pendant toute la préparation, je l’informais de chaque option pour lesquelles elle me donnait son assentiment. Nelson étant empêtré dans son bilan de saison, il me laissa toute latitude pour organiser le voyage.

Enfin le projet fut bouclé: le 4 février Vol de Nantes pour Madrid. Escale puis départ pour Santiago.le 5 Accueil par Ma nièce et son presque mari à Santiago, direction leur appartement. les 6 et 7 Fiesta à Horcon au club Tebo et retour sur Santiago. le 8 Vol pour Calama pour arriver à San Pedro de Atacama. le 9,10,11 Excursion sur Atacama et départ sur Calama en bus de nuit pour Arica. le 12,13 Départ pour Putre en voiture de location. le 14 départ pour Copda en voiture de location puis retour sur Arica puis vol sur Santiago. le 15 Vol pour la Patagonie puis voiture de location pour rejoindre Puerto Natales. le 16,17,18 parc Torres del Paine. le 19 retour sur Punta arenas et vol pour Santiago les 20,21,22,23 Santiago chez ma nièce et son mari et retour sur Madrid et Nantes.

Trois semaines de rêves animés…On allait voir le Pacifique.

Le change et le cash

Nous avions lu sur un guide qu’il fallait payer en dollars US au Chili…Alors nous avions prévu 1000 euros pour les excursions, les repas et les dépenses annexes. Le reste étant inclus dans le prix du circuit. Rien n’est plus faux et vous pouvez partir avec une CB visa et des pesos chiliens…Nous avons reçu le dossier avec les cheks le samedi pour le départ du jeudi. Je vous assure que j’ai vérifié plus d’une fois que tout était en ordre…et bien rangé!

Les bagages

Il fallait s’organiser avec un minimum d’encombrement sachant qu’il nous était nécessaire d’avoir des vêtements de ville pour circuler dans Santiago, des vêtements habillés pour le mariage, des vêtements très légers pour le désert d’Atacama et des vêtements chauds pour la Patagonie! Tout cela dans deux bagages chacun dont un dit « de cabine » pour ne pas être surtaxé. Stratégie oblige: un des bagages fut réservé aux doudounes, pulls, gants, chaussures de randonnées, bonnets… bref vous l’aurez compris 1 pour la Patagonie et l’autre pour tout le reste! Quant à nos vêtements habillés il furent mis dans nos bagages à main…On ne sait jamais, au cas où les bagages ne suivaient pas, nous n’aurions pas à arriver en tenue portée pendant tout le voyage à la cérémonie qui se déroulait le lendemain de notre arrivée.

C’est parti pour un voyage mémorable

Départ à 14h30 pour l’aéroport de Nantes. Vol d’1h30 avec la compagnie Iberia pour Madrid. Trois heures d’escale dans l’immense aéroport de Madrid. Je découvre les espaces fumeurs placés dans l’aérogare, vastes cabines transparentes où nous retrouvons nos détestables congénères accrocs… Un mini brunch pour patienter, la pendule ne tourne pas, déambulation sans fin et enfin l’embarquement. Dix heures de vol sans escale! L’avion de la LAN est confortable. Des écrans individuels permettent d’écouter la musique et les films de notre choix en toute discrétion… Ce sera un album de David Bowie pendant que Nelson et Caroline regarde « that is it », le show de Michael Jackson.

Après deux films et une pause….une très longue pause, nous arrivons sur Santiago. À la douane, on nous demande si nous n’avons rien à déclarer…Non.Sauf que! Ma soeur m’avait prévenue que l’Office National du commerce chilien était très sévère, qu’il n’autorisait aucune entrée de denrées organiques sur son sol. Il fallait bien emballer tout ce qu’on amenait. J’avais donc suivant ses instructions pris soin de fermer très hermétiquement: un paquet de biscuits normands, un paquet de noix et une bouteille de muscadet. Malgré mes précautions, je crains d’être arrêtée. Ma valise est inspectée ainsi que ma sacoche où il y a tous mes papiers…Je passe. Caroline passe comme une fleur on ne lui demande rien. Et Nelson? Et bien Nelson est arrêté par la police des frontières car il n’a pas mangé son orange dans l’avion et benoitement se présente avec le fruit défendu dans la poche!!! Nous l’abandonnons sachant qu’on est attendu à la sortie. Carlos est bien là, guettant les voyageurs. Je lui dis qu’il faut patienter un peu car Nelson s’est fait arrêter par la douane à cause d’une orange. Carlos fait la grimace sachant lui ce que cela impliquait! Nelson sera libéré 1h30 plus tard après avoir joué le parfait touriste, ne parlant pas un mot d’espagnol et se refusant à signer quoique ce soit…Feuille de condamnation reconnaissant le délit amendable d’une forte somme…

carnet voyage chili

Enfin nous montons dans la voiture qui nous emmène à Santiago. Les premiers quartiers, comme dans toutes les capitales du monde, n’offrent au regard qu’une succession de HLM et autres bâtiments sans intérêt. Puis nous entamons la remontée d’une grande et interminable artère qui ne finit pas de dérouler ses commerces bariolés. Santiago est une très belle ville. Carlos profite de nous faire un premier tour d’horizon avec le quartier historique et chic, agrémenté de belles façades bordées d’avenues aérées et verdoyantes, le quartier des affaires avec des constructions modernes et de belle facture, la colline de San Cristobal planté au coeur de la ville. Puis c’est le retour rue Antonio Vares, à son appartement. En entrant il faut montrer patte blanche au gardien qui est dans une petite pièce à l’entrée. Carlos nous explique que la résidence est surveillée jour et nuit. Nous découvrons l’appartement clair, spacieux doté d’une terrasse qui fait tout le tour de l’appartement, permettant de voir toute la ville. Après une bonne douche, je troque mon jean et mon pull pour une petite robe d’été. Le décalage horaire commence à se faire sentir…

Nous sommes en hiver à Nantes mais en été au Chili! Le reste de la famille nous rejoint avec deux autres anecdotes liées à la douane: La perte des bagages de mes parents depuis 48 heures où il y avait toutes leurs affaires pour le mariage (comme quoi ma prudence était légitime!) et la saisie des herbes de Provence destinées aux invités chiliens qu’avait rapporté ma soeur!

En fin d’après-midi, nous partons à pied dans un restaurant du quartier. Après un pisco, sorte de margarita locale, nous mangeons des spécialités à base de poissons crus et cuits accommodés de sauce au citron : un délice. Puis retour à l’appartement pour repartir au club Tebo à Horcon où sera célébré le mariage comme dans les films américains!

En route donc vers la playa au nord-ouest de Santiago pour 2h30 de route. Dans un premier temps nous traversons un paysage où les vignes s’étendent à perte de vue. La plupart des amis de ma nièce installés au Chili sont des français spécialisés dans le vin. Il est d’ailleurs excellent et ne démérite pas ce qui fait de lui un très bon produit qui concurrence directement les crus français. Peu à peu le paysage évolue et ce sont maintenant des hectares de jardin qui s’offrent à notre vue. Des vendeurs de légumes et de fruits s’égrènent le long de la route, quelques uns, assis à côté de corbeilles d’osier recouvertes d’un linge vendent du pain. C’est ce qui nous explique Roberto notre ami et chauffeur. Nous arrivons à Horcon en fin d’après-midi parcourant les rues au pas, à cause de la poussière qui sont très sales, plantées de bicoques rudimentaires, avant de bifurquer vers la plage de Cau cau.

Un grand portail de bois, fermé, se présente à nous. Il n’y a rien pour signaler notre présence. Après une dizaine de minutes, une jeune femme passe la tête par un autre portail. L’attente n’est pas longue et bientôt le passage s’ouvre. Nous entrons dans ce club du bout du monde…

Club el tebo-Horcon-chili

Les quelques photos que nous avions vu sur Internet nous avaient enchantées mais…c’est encore plus somptueux. Au bout de l’allée qui mène aux bâtiments principaux, une vue plongeante sur le Pacifique nous révèle des couleurs d’une grande beauté. Des rochers et des arbres battus par le vent se découpent sur la mer…

club el tebo
club tebo

Des allées très bien entretenues mènent à des cabanes sophistiquées, bungalows que nous occuperont pendant deux jours. Chacun prend possession de son pré carré (qui se trouve être rond!) et …Nous avons celle juste au dessus de celle des mariés, les mieux placées du complexe avec une vue imprenable sur le pacifique… C’est un rêve éveillé. L’intérieur est rudimentaire, sobre et élégant. Un très grand lit tourné vers une immense baie vitrée, une salle de bain au design épuré, tout en pierre. La porte d’entrée, en bois sculpté est massive et s’ouvre sur une terrasse avec vue sur l’océan qui est à nos pieds: nous sommes au paradis!

Club el tebo-Horcon-chili

Après avoir emménagé dans notre cahute de luxe, nous rejoignons le reste de la troupe pour manger au restaurant de plein air. Nous sommes les seuls occupants, nous sommes donc entre nous pour ce barbecue d’Eden.

Le grand jour se lève et les préparatifs de la cérémonie commencent après un petit déjeuner tranquille face au Pacifique.Deux femmes de services s’activent pour nous apporter du café, des petits pains ronds briochés et de la confiture. Les festivités se dérouleront en contre bas du club près de la plage. La fête fut belle avec un service irréprochable…Une bonne nuit de sommeil nous attend.

Lendemain, départ pour Valparaiso, en voiture sous la conduite de Roberto qui doit retourner à Santiago le soir même, comme nous. Nous avons une heure de route le long du pacifique où s’étirent de grandes baies ouvertes sur l’océan où se succèdent plages, rochers, constructions typiques de stations balnéaires. Certains lieux populaires avec des baraques entre la route et la plage pour vendre: repas, fringues et d’autres plus cossus avec de très belles villas et de grands immeubles récents: bref nous ne sommes pas dépaysés! Mais pour moi, Valparaiso c’est le voyage au long cours, route maritime mythique que croise des cargos venus du monde entier, d’où débarquent des marins baroudeurs, rêve d’un ailleurs magnifié par l’aventure. Et oui, on ne se refait pas! Les grands navires fantasmés dans la littérature sont bien là!… Mais évidemment, le résultat sur mes photos n’est pas à la hauteur!

valparaiso-chili

Il est prévu de manger au restaurant puis de visiter la ville avant de repartir. Nous partons à l’assaut des petites ruelles aux façades colorées, le coeur du vieux quartier.

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Comme vous le savez peut-être, la ville est constituée de plusieurs collines et les rues courent le long des ses pentes. Pour rejoindre certaines d’entre elle, il existe plusieurs funiculaires toujours en activité. Nous entrons par un petit portillon en fer forgé pour embarquer. La cabine s’ébranle dans un bruit de grincements. La pente est vertigineuse et le trajet ne dure que quelques minutes. Bénis soient ces funiculaires qui nous permettent de baguenauder sans trop de fatigue et de détours…Partout ce ne sont que couleurs éclatantes et jardins exubérants.

valparaiso-chili-funiculaire
valparaiso-chili-

Après quelques temps, nous redescendons dans le quartier du port qui garde encore les traces de son passé prestigieux avec de très belles façades cossues des anciennes banques, des comptoirs de commerce mais aussi de gigantesques entrepôts réhabilités. Plus loin, c’est le coeur animé de la ville avec une grande place d’où surgit un curieux bâtiment dont la base est ancienne et le haut moderne. Puis nous passons devant le Ministère de la guerre.

valparaiso-chili-
valparaiso-chili-ministère de la guerre

Carlos nous explique qu’au Chili, les ministères ne sont pas tous, dans la capitale, comme en France, mais dispatchés sur tout le pays. Après une courte escapade sur le port, nous rejoignons notre voiture pour repartir sur Santiago car le vol du lendemain est à 8h45. Roberto nous dépose à Providencia chez Julie pour notre dernière nuit à Santiago avant notre périple. Un taxi vient nous chercher pour nous emmener le matin à l’aéroport: Notre épopée commence… Première surprise dans l’avion qui nous mène à Atacama: nos sièges sont séparés. Nous demandons à l’hôtesse quelle en est la raison et nous apprenons que les chiliens sont prioritaires et qu’il faut demander au préalable à la compagnie pour avoir des sièges côte à côte. À notre demande, elle trouvera à nous replacer ensemble. Ce désagrément sera systématique sur tous les vols intérieurs que nous ferons au Chili sans avoir toujours la chance de s’arranger avec l’hôtesse.

Le désert d’Atacama

Le mot Atacama vient de l’idiome ancestral de « Accachca » qui signifie « cabecera del pais ». On pourrait traduire approximativement par « tête de pont » dans le sens de primordial. Avec le temps, le nom s’est transformé pour arriver à nous sous le vocable de Atacama. Les incas conquirent ce territoire en 1450 puis ce fut l’arrivée des conquistadores espagnols qui s’en emparèrent en 1540.

A notre arrivée à Calama, en fin de matinée, une navette nous attend pour nous emmener à San Pedro de Atacama, base de nos excursions dans le désert. Il faut un peu plus de deux heures pour rallier le village. Village oui mais gonflé de touristes étrangers. La région attire tellement de visiteurs qu’il est impossible de ne pas entendre nos vieilles langues européennes dans les rues… Nous nous présentons à l’accueil, une minuscule pièce qui a des allures de petite boutique, de l’hôtel Tambillo. Une jeune homme nous reçoit et nous fait patienter le temps d’aller chercher une dame. Après notre enregistrement, elle nous montre la salle où sera pris notre petit déjeuner avant de nous conduire à notre chambre dont nous prenons possession immédiatement. Elle est située à l’intérieur d’un patio où les chambres sont distribuées comme dans un motel. Elle est sobre et suffisante pour notre séjour de trois jours. Un coin repas ouvert à tout le monde a été aménagé dans le jardin.

hôtel Tambillo-Atacama
Hôtel Tambillo-Atacama-

Après notre installation, nous allons à la recherche de l’agence d’excursion que j’avais choisie TOWANDA C’était une petite équipe sans prétention qui offrait d’élaborer les excursions au forfait avec un grand choix d’options. San Pedro regorge de prestataires et des rabatteurs vous donnent des prospectus dans la rue pour vous faire entrer dans leur boutique. Notre agence se situe au bout de la rue principale, nous entrons. Bon signe, « Smoke on the water » de Deep Purple, mon groupe préféré, résonne dans la pièce. Nous entamons les négociations avec Manuel et Loretta qui se trouvent également être nos accompagnateurs. Nous calons un programme avec eux, avec deux départs tôt le matin. Demain rendez-vous à 7 heures ici. OK pas de problème.

Il nous reste du temps pour la fin de l’après-midi que l’on passe à découvrir San Pedro. Le village est tout petit et n’a qu’une rue principale où tous les commerces sont concentrés. Ce sont des boutiques qui pour la plupart sont pour les touristes. Il y a énormément de français.

Les rues sont une enfilade de petites maisons simples et basses, influencées par la culture espagnole, avec une façade simple sur la rue et un patio intérieur. Construites en paille et en terre, elles sont très bien adaptées au climat désertique.

Atacama

Nous arrivons à une jolie place agrémentée de très beaux arbres. En la contournant, nous voyons l’église, toute blanche, basse avec un petit clocher comme on en voit dans les westerns de Sergio Léone. Nous verrons que c’est cette architecture typique que l’on retrouve dans tout le pays, excepté en Patagonie. Ce qui s’explique par la colonisation tardive des terres australes par les européens anglo-saxons.

Atacama-église

Nous entrons. L’intérieur est plus grand qu’il n’y paraît de l’extérieur. Une superbe charpente fait notre admiration. Nous avons la chance de découvrir cette église, seuls, sans aucune autre personne. Nous nous recueillons en silence dans la fraîcheur et dans le calme, appréciant l’instant, avant de retourner dans les rues encombrées.

Atacama-église

Un petit goûter s’impose et nous nous installons au bar « Kimal pacha » au décor original qui prend tout le mur, pour déguster un pastelito et nous désaltérer. Il fait très chaud. Encore quelques boutiques et nous rentrons à l’hôtel. La propriétaire nous invite à assister à l’animation qui se tient tous les soirs dans les rues. Une petite pause et c’est reparti. C’est un défilé de chars avec les habitants qui déambulent en dansant avec les costumes typiques de l’Altiplano. Les enfants ont des grands yeux noirs magnifiques. Le cortège n’est pas très grand et sitôt qu’il est passé, nous filons nous coucher: demain une rude journée nous attend.

Le temps d’écrire quelques lignes de mon précieux carnet de route, qui rejoindra mes autres textes pour une probable biographie et je m’endors dans les bras de Morphée.

6H30, la nuit est encore là quand la montre de Nelson nous réveille. Après une toilette rapide, nous filons dans la salle à manger pour notre premier petit déjeuner chilien, celui du club Tebo ne comptant pas…trop européen! Un couple de français, partant également en excursion, est à une autre table. Un petit brin de causette comme il se doit et chacun part dans la nuit. Nous arrivons comme convenu devant l’agence, nous sommes les premiers, rejoints assez vite par un homme qui nous dit venir de Sao Paolo. À leur tour Manuel et Carolina arrivent. On embarque dans le mini car: destination l’ALTIPLANO. Il y a deux heures de route. Nous passons devant le télescope cosmologique de Atacama qui est le plus haut du monde et qui permet l’observation et la cartographie du cosmos en haute résolution.

Notre première visite est pour les lagunas « Miscanti y miniques », deux étendues d’eau qui se trouvent entre les deux volcans jumeaux situés dans la réserve nationale « Los flamencos ». Ils atteignent respectivement 5622 m et 5910 m d’altitude. Pour nous déjà marcher à 4200 mètres d’altitude suffira ! J’avoue que pour cette première visite je crains un peu le mal des hauteurs ayant entendu parler de la difficulté à respirer… mais bon c’est pas l’Himalaya non plus! Nous arrivons devant une petite cabane qui se charge des droits d’entrée de la réserve. Après un ou deux kilomètres, nous descendons pour commencer notre randonnée. Le spectacle est époustouflant de beauté. Un silence incroyable règne là et les couleurs nous subjuguent. Nous rencontrerons quelques « vicunas », sorte de petits lamas sauvages au pelage doré.

lagunas "Miscanti y miniques-chili-atacama
lagunas "Miscanti y miniques-chili
lagunas "Miscanti y miniques-chili

Après cette balade entre ciel et terre, en dehors du temps, nous redescendons vers Toconao. Sur la route, nous croisons des petites communautés regroupées autour de jardins potagers. Manuel nous invite à nous arrêter dans l’ estaminet d’ un petit village pour nous restaurer avant de repartir.

Toconao-chili

Toconao est une oasis perdu près du désert du salar de Atacama où sont cultivés de nombreux types de fruits. En face de la place principale, se trouve l’église et le clocher de Saint Luc qui date du XVIIIe siècle, tous deux reconstruits plusieurs fois à cause de divers tremblements de terre ou incendies. Ils n’ont rien perdu malgré cela de leur authenticité et tous deux sont déclarés Monuments nationaux du Chili.

Toconao-chili

Dans l’église, un curieux escalier caractéristique s’offre à nous. Manuel nous explique qu’il a été réalisé en bois de cactus.L’intérieur de l’église ressemble en tout point à celle de San Pedro, pourvue d’une belle charpente de bois et d’un mur peint agrémenté de peintures et de statues colorées. Il y a aussi beaucoup de fleurs témoignant du soin régulier apporté au culte par les habitants.

Toconao-chili-église-escalier cactus

Toconao dont les habitants ont été reconnus peuple ancestral indigène autoproclamé par les lois indigènes chiliennes et les nations unies. Le village vit du tourisme mais ses habitants pour beaucoup travaillent à la mine de lithium de Salar de Atacama. Nous entrons dans une petite boutique d’artisanat où nous achetons deux écharpes en laine avec un ingénieux anneau fixé dans les fibres pour tenir l’écharpe serrée autour du cou: je n’avais jamais vu cela auparavant.

Toconao-chili

Il est temps de rejoindre la Laguna chaxa. Il fait toujours très chaud mais à notre arrivée au bord du salar, c’est pire encore. La réverbération est intense et l’air sec et brûlant nous fait appréhender la difficile adaptation de l’homme dans cet environnement hostile.

aguna chaxa-Atacama-chili

Les flamands roses s’en accommodent pourtant! Frêles silhouettes mouvantes dans ce panorama figé sous le souffle implacable du soleil.

Chili-salar de Tarar-laguna chaxa

Nous sommes en début d’après-midi et il nous faut repartir pour San Pedro car une autre visite est prévue pour 16 h et nous n’aurons qu’une heure pour faire une pause. Rentrés à l’hôtel, nous profitons d’une petite sieste avant de rejoindre de nouveau Manuel et Carolina…Un autre groupe est formé autour de nos deux accompagnateurs: en plus de nous trois, deux autres jeunes couples sont de l’excursion pour voir la vallée de la lune et la vallée de la mort. Contrairement à notre première virée, ces deux sites se trouvent aux portes de San Pedro, à 12 kilomètres.

Nous commençons par la vallée de la lune qui porte bien son nom car en effet son paysage modelé de cratères et de ravins aux couleurs ocres et gris, ressemblent étrangement à l’astre lunaire. Un vaste cirque en contrebas d’un plateau se pose sur l’horizon où se dessinent dans le fond les crêtes andines. Panorama majestueux où l’on se sent minuscule et dérisoire.

Atacama-chili-vallée de la lune
Atacama-chili-vallée de la lune

Près de la vallée de la lune, nous découvrons « Las tres marias », une sculpture naturelle significative dont le socle est un rocher creux révélant une petite grotte.

Atacama-chili-las treis marias

On reprend le véhicule pour rejoindre la vallée de la Muerte. Manuel nous montre quel chemin on doit emprunter dans le canyon jusqu’à une crête où nous serons au première loge pour contempler le coucher du soleil. C’est là qu’il nous attendra pour repartir vers San Pedro. Et bien soit: c’est parti! La beauté du paysage et la pureté des couleurs sont une merveille. Heureusement, j’ai emmené mon chech acheté pour faire le désert du sud tunisien! le soleil nous tombe dessus malgré l’heure avancée de l’après-midi. Le chemin est taillé dans un canyon et contourne une colline rocheuse.

Atacama-chili-vallée de la muerte

Les groupes, car nous ne sommes pas les seuls visiteurs loin s’en faut, s’effilochent petit à petit. Moi je prends le temps d’apprécier l’instant… Bientôt je longe un corridor fait de sable blanc: c’est magique! Il est possible de surfer sur ces dunes extraordinaires…

Atacama-chili-vallée de la muerte
Atacama-chili-vallée de la muerte

À l’issue de notre marche, nous arrivons au point de ralliement. Je suis fourbue! Je m’avachis dans le mini-bus qui nous attend. Il faut encore monter une crête d’une centaine de mètres pour admirer le coucher du soleil…Je m’en sens incapable tellement je suis fatiguée… Nelson dans le même état que moi déclare forfait lui aussi!

Nous prenons conscience que nous avons besoin d’une bonne nuit de sommeil. Or dans notre programme il est prévu de partir à 5 heures le matin pour faire les geysers de Tatio! Nous avons accumulé ces quatre derniers jours trop de fatigue…Il y a à peine 4 jours nous partions pour Madrid….et nous voilà au coeur du Chili après 50 heures de transport sur 5 jours! et chacune des nuits raccourcies…

Nous décidons de demander à Manuel d’intervertir la troisième journée avec la deuxième. Heureusement, il accepte et nous donne rendez-vous le lendemain à 15 heures. Nous quittons l’agence soulagés pour aller très vite embrasser notre oreiller! Le matin nous lézardons un peu avant de trouver un endroit pour manger. Aucun des établissements européanisés ne nous convient et poursuivant notre quête, nous trouvons au bout d’une ruelle une petite cantina qui ne paye pas de mine.

Atacama-chili-cocineria STA Barbara

Nous entrons et sommes accueillis par une serveuse très dynamique qui nous invite à nous asseoir face au poste de télévision. Autour de nous, des habitués, sans conteste des chiliens non turistas…La salade est excellente. Repus, nous rejoignons Towanda pour notre prochaine destination: la laguna cejas.

Contrairement aux autres, cette laguna a davantage d’eau, d’une salinité moindre qui permet de s’y baigner. Tony, toutefois nous invite à être prudent et de ne surtout pas plonger. Une nouvelle expérience s’ouvre à nous. La sensation est très curieuse, vous flottez sans aucun effort et le moindre de vos mouvements peut vous faire basculer et vous retourner. Il faut donc faire des gestes très modérés! Après quelques minutes je m’adapte…

lagunas cejar Atacama

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises, pas loin de là, un autre trou d’eau, douce cette fois, permet une nouvelle baignade… Los ojos de Tebinquiche qui ne sont alimentés qu’en eau de pluie et du dégel des glaciers andins. Les bords de cet étang en plein désert est très escarpé et il faut sauter de quelques mètres…Pas de problème c’est parti! Un vrai délice de se baigner en plein désert!

Atacama-chili-Los ojos de Tebinquiche

Après cette récréation fort agréable, Tony, notre accompagnateur nous emmène à la laguna Tebinquiche, joyau immaculé de sel blanc. C’est une vaste étendue plane qui réverbère le soleil tel un miroir brillant. C’est absolument magnifique.

Los ojos de Tebinquiche-atacama-chili

Towanda a prévu de nous faire bénéficier du soleil couchant, nous préparant un apéro surprise sur le site. C’est l’occasion de prendre le temps de faire connaissance avec nos compagnons. Le soleil descend doucement sur l’horizon et nous profitons de ce temps convivial pour nouer des liens avec nos amis. Bientôt nous rentrons ravis de notre journée où plaisir et découverte étaient réunis. Demain debout 5 heures pour d’autres expériences.

apero surprise tebenquiche


Et la prochaine sera de taille! La montée à 4280 mètres d’altitude pour assister au réveil du site des geysers de Tatio, le troisième site du monde après Yellow Stone aux États-unis et Dolina Giezerov en Russie. Il est nécessaire de partir très tôt pour profiter pleinement des geysers qui ont des reflets bleutés dans la nuit. Pour nous y mener, une navette qui doit parcourir 90 kilomètres sur une route chaotique et dangereuse du fait des nombreuses crues qui peuvent envahir la route brutalement. Le guide nous avait prévenus de nous habiller chaudement, la température de nuit pouvant descendre jusqu’à – 20°… Malgré nos doudounes, nos bonnets, nos écharpes, nos gants et notre grosses chaussures nous sommes frigorifiés!!! Sans compter qu’on a le ventre vide mais heureusement car mon estomac n’aurait pas pu supporter les secousses pendant le trajet s’il avait été plein!

Mais ces désagréments en valaient vraiment la chandelle…. Un site hors du temps se présente à nous. Un vaste champ défoncé d’exubérances étranges aux formes variées crachant de la vapeur ou des filets d’eau venus des entrailles de la terre.

El Tatio-chili

Le jour se lève très lentement mais nous ne sentons pas encore le bénéfice du soleil levant étant à une trop haute altitude.

El Tatio-chili

L’étrange communion du froid glacial sur le visage et du chaud sous la plante des pieds…

Le guide nous explique qu’il ne faut pas s’approcher trop près des geysers, car il arrive qu’elles crachent ou pulvérisent une eau à très haute température, contrairement aux fumerolles qui ne rejettent que du gaz et de la vapeur en permanence.

Nous assistons à un spectacle irréel empreint de magie

Le soleil se lève petit à petit et un petit déjeuner nous est servi…Mes membres reprennent vie! Et oui, les geysers sont bien plus impressionnants dans la nuit. On nous montre bientôt un bac en ciment où on peut se baigner dans l’eau qui remonte brûlante du centre de la terre… Je décline n’étant pas encore bien réchauffée tandis que Nelson se plonge dans ces termes naturelles.

Il nous dira que par endroit, on sentait remonter une eau plus chaude…

Il faut redescendre dans la vallée. Nous passerons par le village de Machuca qui propose un barbecue aux touristes. c’est un empanada à la viande de mouton qui nous est servi: un vrai délice.

Le village est minuscule mais il a son église perchée en hauteur. Les maisons sont couvertes de toits de chaume ou de paille. Le repas est très animé dans une ambiance chaleureuse. C’est là que je rencontre Andina qui réalise des panchos et autres vêtements en laine de lama depuis toujours.

Nous poursuivons notre route au milieu d’un paysage verdoyant avec de nombreux torrents et points d’eau. Des chèvres paissent ça et là et toujours les vicunas dans les prairies au détour d’un virage. Les différents verts et ocres se mélangent nous offrant des tableaux magnifiques.

Machuca-chili

Retour à San Pedro où nous discutons longuement avec l’équipe de TOWANDA qui nous a guidés pendant ces trois jours de manière amicale et professionnelle. Les coordonnées furent échangées…et aujourd’hui après tant de mois écoulés, je trouve enfin le temps, puisque désormais mon métier de biographe me le permet, d’écrire notre carnet de voyage… Bonne route à vous amis de Towanda.

Pour notre dernière journée à San Pedro, nous vagabondons car il a fallu rendre notre chambre et attendre jusqu’à 20h30 la navette qui nous emmène au bus de nuit pour un transfert de Calama à Arica, à l’extrême nord du Chili. Nous trouvons refuge dans un restaurant – Le Kimal- qui offre repas et piscine…C’est là que nous passerons nos dernières heures dans le désert d’Atacama.

Destination ARICA- PUTRE-COPDA

Un agent de la compagnie de location de voiture doit nous attendre à Arica. C’est parti pour 10 heures, 600kms…Nous montons dans le bus. Il n’y a pas d’autre touriste. Seules les équipes de travailleurs de la mine de Calama qui rentrent chez eux…Ils se connaissent donc tous et s’interpellent bruyamment à travers le car. Cela nous amuse malgré notre désir de nous relaxer.

Après 6 heures de route, le car s’arrête soudainement, en plein désert, il fait nuit noire. Nous comprenons qu’il y a une panne d’électricité mais le chauffeur nous dit que ce n’est rien, qu’il va arranger ça. Nous patientons un quart d’heure mais rien ne se passe et personne dans le car ne semble réagir sauf nous qui nous inquiétons pour notre chek in à Arica.

Nelson réalise que notre car plongé dans le noir est resté en plein milieu de la route qui est la nationale très passante qui traverse tout le Chili…Il me dit de le suivre par prudence dehors pour ne pas prendre le risque de se faire percuter par un autre véhicule. En descendant du car, nous assistons alors éberlués, que le chauffeur est en train d’allumer un gigantesque brasier avec des pneus devant et derrière le car pour signaler sa présence!!!

Nous demandons ce qui va se passer au chauffeur et il nous dit qu’un autre bus est en route pour nous dépanner. Nous allons nous allonger dans le désert, le nez dans les étoiles…Nous resterons 4 heures à attendre avant qu’un autre bus nous prenne en charge. Angoissés à l’idée de perdre notre contact à Arica, nous tentons de joindre l’agence, sans succès jusqu’à voir les faubourgs d’Arica où enfin une personne nous dit de ne pas nous inquiéter que quelqu’un sera là pour nous, ajoutant que ces incidents sont fréquents! et effectivement nous prenons possession de la voiture comme prévu… Arica est située sur une mince bande de littoral, en bordure de désert…c’est très surprenant de voir cet énorme masse de sable s’avancer jusqu’à quelques centaines de mètres de la route qui longe le littoral.

Arica-Chili
Arica-Chili

C’est une grande ville à l’image des villes européennes de la côte d’Azur avec de grandes avenues s’étirant le long de la plage, bordées de beaux arbres et de bosquets fleuris bien entretenus. Mais le contraste est saisissant entre des plages très belles et très propres mitoyennes de parcelles jonchées d’immondices de toute nature…

Arica-Chili

Nous parcourons les pieds dans l’eau la plage jusqu’à arriver près du port. Il est l’heure de manger et nous décidons d’aller au restaurant. Un magnifique établissement avec vue sur la mer nous tend les bras … Ce sera celui là. C’est là que nous faisons la connaissance de Michel, un compatriote qui nous entendant parler français s’approche de nous. Il nous raconte qu’il est originaire de Nice et qu’il est arrivé en Amérique du Sud dans les années soixante dix et qu’il a connu beaucoup d’évènements… Sa conversation est passionnante et encore une fois, les coordonnées sont échangées.

Après ce bon repas, nous partons en direction du coeur de la ville reprenant contact avec le monde animé de la circulation après quatre jours dns le désert. Nous apprécions aussi la brise qui vient de la mer après les coups de chaleur de Atacama qui vous glisse souvent dans une lente torpeur…

Arica-Chili
Arica-Chili

Direction l’église qui nous dit-on est unique et en effet elle l’est car…elle a été construite par Gustave Eiffel…Une plaque commémorative nous rappelle que le créateur de la tour Eiffel a laissé sa trace partout dans le monde. L’église présente donc un curieux assemblage de fer et de bois peint du plus bel effet.

Arica-Chili-eglise-gustave eiffel-
Arica-Chili-eglise-gustave eiffel
Chili cactus

Mais nous ne pouvons nous attarder plus longtemps, notre hôtel est réservé à Putre le soir même. Il y a deux heures et demie de route et qui grimpe à 3500 mètres d’altitude. L’agence de 66 nord nous avait fortement conseillé de découvrir la région de Paniconata souvent délaissée par les touristes et révélant un charme sud-américain proche des pays andins comme le Pérou ou la Bolivie, pays voisins.C’est donc de nouveau parti pour l’altiplano chilien.

C’est moi qui conduit et la route est belle. Je double facilement les camions dans de grandes lignes droites mais de nombreux témoignages d’accident, à l’égal de nos bouquets de fleurs, sont en nombre impressionnants.

Nelson reprend le volant et peu de temps après constate que la voiture n’a plus rien sous le capot. Inquiets, nous joignons l’agence de location à qui nous expliquons ce qui se passe… »Es normal »…En fait ce que nous ignorons c’est que comme les humains, le système de carburation du moteur des voitures ont besoin d’oxygène!!! et la route grimpant de plus en plus en altitude, elle montrait des signes de faiblesse… Nous terminerons la route rassuré, pouvant pleinement admirer les paysages notamment les fameux cactus candelabre qui ne poussent qu’en très haute altitude.

Enfin nous arrivons à Putre en fin de journée. L’hôtel « Las vicunas » est une ancienne caserne militaire réhabilitée en hôtel sous la forme de petits pavillons indépendants. Le directeur nous accueille et nous montre outre notre lodge, les parties collectives : une salle de repos, la cantina et une salle avec accès aux réseaux…Inespéré dans ce coin du bout du monde. Et cela tombe très bien car nous devions utiliser Skype pour savoir si tout se passait bien à la maison. Et effectivement le soir, nous pourrons voir les enfants…

Hôtel Las vicunas-Putre-Chili

C’est en remontant le chemin depuis l’accueil vers notre chambre que nous constatons qu’au bout de quelques pas à notre rythme habituel, nous sommes très essoufflés…C’est pourquoi il est nécessaire avant de grimper plus haut encore pour la visite des sites naturels de l’altiplano, il faut passer une journée à Putre pour s’acclimater à l’altitude: merci 66 Nord!!!

Après une installation au ralenti, nous redescendons vers le village, il fait déjà nuit. Une très grande place, coeur du village accueille une petite église en son centre.

voyage à Putre-Chili

Et surprise, la place est bondée avec une grande scène en son centre. Nous apprenons que le soir même, le village célébre la rencontre annuelle des communautés indigènes de l’Altiplano! Les préparatifs battent leur plein, un animateur est déjà sur scène en train d’expliquer le programme de la soirée.

Bien évidemment malgré notre fatigue dûe à la très mauvais nuit passée dans le bus, nous ne voulons pas rater ça! En attendant que le spectacle commence, nous allons manger au restaurant Kuchu marka. Alors que nous mangeons tranquillement, je vois à la télévision l’animateur en direct de Putre!

Cette rencontre exceptionnelle était retransmise à la télévision chilienne… Nous sommes les seuls touristes et nous demandons des renseignements sur cette fête. Il s’avère qu’elle n’est pas organisée du tout pour les touristes étrangers mais que c’est bien un rassemblement des communautés qui chacune présente chants et danses traditionnels… Malheureusement il ne me reste qu’une seule photo de cette soirée inoubliable à cause d’une mauvaise manipulation informatique…Les costumes étaient splendides et les danses montraient une agilité hors du commun.

Putre-Chili

Un copieux petit-déjeuner nous requinque pour partir à l’assaut de l’Altiplano et de ses 4517 mètres d’altitude! La route n’est pas trop longue et nous arrivons assez rapidement dans la réserve de Tarapaca avec le lac Chungara, un des plus hauts du monde qui s’étale au pied des volcans jumeaux Guallatiri et le Acotango, de plus de 6000 mètres d’altitude et faisant partie d’une chaîne de volcans dans la réserve de Lauca

réserve de Tarapaca-putre-chili
réserve de Tarapaca-putre-chili

Ils paraissent tout près et pourtant nous en sommes encore très loin…et ils resteront inaccessibles et majestueux barrant tout l’horizon de leur masse géante. Les lagunes à leurs pieds révèlent une variétés de formes et de couleurs somptueuses.Notre acclimatation, grâce à notre nuit passée à Putre s’est faite en douceur et nous n’avons plus comme à notre arrivée cette impression de subir un poids dans la poitrine. Nous poursuivons notre route, celle qui mène à la frontière avec le Pérou. Mais il nous faut bientôt rebrousser chemin pour visiter Parinacota avant de reprendre la route pour Codpa à 3 heures de route. Nous abandonnons ces fabuleux paysages vierges de tout sans avoir rencontré une seule voiture, une seule personne, une seule maison…

Parinacota, un village hors du temps qui nous rapproche des représentations qu’on a de l’Amérique du sud. Vision héritée du dessin animé des « merveilleuses cités d’or » comme quoi l’impact télévisuel est bien ancré! Cette église est blottie au milieu d’une enceinte avec plusieurs constructions, toutes torchies de murs blancs avec des toits de paille.

Parinacota-chili
Parinacota-chili

Nous avons eu une grande chance car normalement l’église était fermée et nous allions partir déçus quand une dame est arrivée et nous a ouvert…Que Dieu la bénisse.

Parinacota-chili

L’intérieur est minuscule. Construite en 1670 , au cours de la christianisation des habitants de l’époque, elle montre la double culture des habitants de l’Altiplano. L’église est non seulement une remontée dans le temps mais elle est un vestige unique de ce qui reste du choc qu’ont du ressentir les indiens lors de la Conquistada. La couverture du toit de l’église est d’une finesse remarquable. Tous les parties de l’église sont couvertes de motifs colorés et tout autour des murs, en plusieurs tableaux peints, datant de 1700, un chemin de croix est représenté. Mais ici ce sont les conquistadores qui sont les bourreaux du Christ…

D’autres objets de très grandes valeurs historiques sont exposés dans l’église notamment cette parure toute en argent montrant la magnificence que l’on réservait au culte.Enfin, un registre des naissances, pratique importée de l’église chrétienne pour connaître le nombre de paroissiens sur le village et ses alentours.

Après notre visite, nous allons dans la petite boutique d’artisanat local où nous achetons une petite fiole d’alcool pur fait de manière artisanale et quelques herbes.

Puis nous poursuivons vers le cimetière qui se trouve un peu à l’écart du village. Il ressemble à celui que nous avions vu à Atacama mais investi de tombes plus discrètes et moins décorées.Mais partout des barrières entourant la tombe et à Atacama, certaines aménagées à l’image d’une maisonnette.

Parinacota-chili-cimetière

Nous continuons notre balade dans les prairies alentours aux teintes vert printemps.

Parinacota-chili
Parinacota-chili

Des lamas broutent tranquillement peu intéressés par ces visiteurs incongrus. On nous a expliqué que leur pattes étaient reliées par des fils de laine de couleur, chaque famille ayant ses couleurs…Une façon sans conteste moins douloureuse que le marquage des bêtes au fer rouges…

Parinacota-chili-lama

Voilà, notre visite s’achève avec un sentiment de grande sérénité. Nous reprenons la route en direction de la province de Tarapaca où nous tenons à voir le musée archéologique de San Miguel de Azapa, célèbre pour ses momies de la culture chinchorro.Un système de momification vieux de 9000 ans dont le résultat est spectaculaire.

En redescendant par une piste difficile et cabossée, nous nous arrêtons dans un bar perdu qui n’est pas sans nous rappeler celui du désert du Sahara…Seule bicoque à des kilomètres à la ronde…

Après deux heures de route, nous contournons Arica pour filer vers le sud au travers d’un paysage à l’horizon plat, désertique.Dans cette platitude absolue, des gigantesques sculptures modernes surgissent à l’horizon, sentinelles d’Arica pour nous dire au revoir. Nous arrêtons intrigués par ces géants de sable. Cela vaut une photo..Nous ne sommes pas les seuls et la plupart des touristes s’arrêtent …pour se faire photographier! et de continuer sur la Panamericar Sur.

géants d'Arica-chili

Elle court du nord au sud sur toute la longueur du Chili avec à notre gauche un terrain militaire qui s’étend sur des kilomètres.

momie chincherro chili azapa

Bientôt nous bifurquons à gauche pour prendre la direction de San Miguel de Azapa, halte obligée pour découvrir la musée archéologique qui renferme les fameuses momies de la culture Chincherro, avec un procédé vieux de plus de 7000 ans.Et il est vrai qu’elles sont assez impressionnantes…Les plus anciennes étaient noires car enduites de manganèse, par la suite les techniques ayant évolué, elles perdirent cet aspect caractéristique.

Pour y parvenir, nous longeons une route qui n’est qu’un mur de bougainvillées… Nous profitons de cette halte pour nous restaurer sous de beaux arbres car il fait très chaud. Le musée est une grande bâtisse et les salles d’exposition sont très grandes.

géoglyphes tapaca

Au delà du musée, la route nous offre une autre belle surprise: les géoglyphes très nombreux dans la région de Tapaca. C’est une grande émotion de croiser ces géants, oeuvres d’inconnus ayant existé il y a si longtemps dont on ne sait presque rien. On compte plus de 11000 géoglyphes au Chili et nous serons très étonnés d’en voir autant sur notre passage. Nous nous enfonçons plus loin encore et bifurquons pour rejoindre la vallée de Codpa.

Un interminable ruban d’asphalte se déroule à nos yeux avec la cordillère pour horizon. encore une fois, nous nous sentons tout petit dans cette immensité désertique. On ne peut s’empêcher de penser: « et si nous tombions en panne? »… Nous ne croisons pas de voiture, ce n’est pas une route touristique, elle ne mène qu’à une petite vallée perdue…

Nous ne voyons rien à l’horizon et pourtant la carte nous indique qu’on arrive bientôt à destination: incompréhensible…Et pour cause! La vallée de Codpa est une faille creusée dans ce gigantesque plateau et ce n’est qu’au moment de descendre dans la vallée qu’on la voit.

codpa-chili

Le dénivellé est important, nous descendons prudemment le long de la route escarpée pour déboucher sur le petit cimetière accroché au flanc du ravin. Il est en dehors du village et montre le dénuement du lieu: juste des croix plantées à même le sol, pas toujours très droites.

codpa-chili-cimetière

L’hôtel « codpa valley lodge » est tout au fond de la vallée. Et quelle fut notre surprise de trouver une piscine dans ce coin perdu du désert! L’établissement est très beau. nous sommes accueillis par le directeur qui nous montre notre lodge, nous récisant qu’il n’y avait qu’un seul client et que nous ne serons pas dérangés…A peine les bagages posés qu’on fonce faire quelques brasses dans la piscine…et que voyons nous : Michel, le professeur d’espagnol, rencontré à Arica!!! Que le monde est petit, que les coïncidences sont curieuses! Cette pause est un vrai délice: partout le silence, l’air est frais, l’endroit incroyablement dépaysant. 66° Nord qui a conçu notre programme a bien eu raison de nous conseiller cette destination hors des circuits touristiques habituels. Merci! Après notre repas au restaurant, nous arpentons le village très pauvre, fait de beaucoup d’objet de récupération. La nuit tombe vite et nous rejoignons l’hôtel.

codpa-chili-valley lodge

Le lendemain, nous partons à la conquête de la vallée. D’abord à pied. Nous suivons un petit chemin qui s’enfonce derrière le village où une végétation luxuriante baigne l’atmosphère d’une belle paix. Un petit cours d’eau arrose la terre assez abondamment pour permettre la production de fruits et légumes en abondance et nous comprenons mieux comment Codpa a pu être, pendant longtemps la ville du  » Vino Pintatani ».

codpa-chili

Les premiers hommes installés dans la vallée de Codpa, étaient de culture préhispanique, venus sans doute du Pérou. Ils intégrèrent peu à peu la culture espagnole, les troupes espagnoles étant installées dans leur village. Mais ils ne délaissèrent pas la culture Quetchua. Certains des habitants prirent part à la rebélion contre l’envahisseur, ce qui provoqua une discorde entre ceux défendant la couronne espagnole et les autres.Ces événements nous permettent de comprendre que la vallée, durant cette période, était un centre important d’approvisionnement et un confluent central des axes du pays. D’autant qu’à cette époque la vallée était plus fertile, jardin de toute la région, notamment grâce à la production du vin qui s’écoulaient par barriques entières jusqu’à Arica.

Comme partout, Codpa a connu l’exil des jeunes qui partant au service militaire obligatoire ne revenaient pas. Et petit à petit Codpa s’est endormi et a été oublié. Ni le temps, ni la main d’homme ont changé les chemins témoins de la ténacité de ses habitants à s’accrocher, malgré tout à leur vallée. Les « routes du pintatani », la précieuse liqueur, sont là, intactes. Mais faire du vin ici c’est comme faire du pain ailleurs et les familles continuent à produire le nectar en petite quantité. Après cette balade agréable, nous reprenons la voiture pour remonter la vallée jusqu’à Huataneva puis Guatanabe.

Comme dans tous les sites que vous avons visités, la traditionnelle tour nous attend dans les deux villages témoignant de la ferveur religieuse des habitants, érigeant ces symboles à quelques kilomètres de distance.

Huataneva-chili
Guatanabe-chili

Sur la place du village nous découvrons au pied d’un arbre creux les vestiges du Carnaval

Guatanabe-chili
Codpa

Nous rencontrerons à Guataneba une famille de Arica dont la fille est passionnée d’écriture dont elle veut faire son métier. sachant que je suis biographe, nous parlerons longuement ensemble.

Après cette heureuse parenthèse baignée de sérénité, nous repartons en fin de journée pour attraper le vol Arica-Santiago qui est prévu à 20 heures.

Notre circuit prévoit une nuit à l’hôtel Coronel de Santiago où nous devons arriver vers minuit avant de repartir dès le lendemain pour le vol de 8h à destination de Punta Arena, le must vanté partout dans le monde: La Patagonie.

La Patagonie

Un taxi doit nous prendre à 6h en bas de l’hôtel, pour nous conduire à l’aéroport. Cette fois, je me présente à l’accueil de l’aéroport pour négocier des places mitoyennes avant d’embarquer. Je plaide ma cause, expliquant qu’à chaque vol nous avons été séparés. Un agent très aimable règle mon problème en changeant nos places. Il faut dire que la distance pour la Patagonie est plus longue: plus de 3heures de vol. Nous débarquons en fin de matinée à Punta Arena.Direction l’agence de location de voiture pour prendre possession de notre véhicule. Nous prenons la route direction Puerto Natales: 250 kilomètres, 4h30 de trajet. Ce sera le départ pour le parc national de las Torres del Paine. Il faut savoir que les routes de Patagonie ne sont que très rarement asphaltées et bien qu’elles soient très praticables, il faut y rouler avec plus de prudence.

patagonie-chili

Le ciel et magnifique et l’air n’est pas trop froid. Nous profitons du temps que l’on a pour faire un crochet à la réserve de Magellans pour y voir les pingouins. Un des sites que j’avais repéré lors de mes recherches sur internet avant de partir. Ce n’est qu’à 60 kilomètres de Punta Arena. Arrivés à destination, un vent très fort s’est levé et prévoyants, nous enfilons les tenues adéquat!

Contre le vent mais sous un soleil resplendissant nous empruntons le chemin aménagé qui mène à la plage où nous devrions voir les pingouins. Après quelques centaines de mètres, bien emmitouflés dans nos doudounes, nous arrivons à la plage. Le spectacle sur l’océan baignée de lumière où se découpe aux loins les terres australes est magnifique et l’air est des plus vivifiant.

patagonie-chili-reserve de magellans-pingouins

Après avoir contemplé quelques instants le panorama, nous rejoignons l’endroit où la colonie des oiseaux est installée. C’est derrière des panneaux de bois, pour ne pas déranger les animaux que nous nous installons pour les observer.

patagonie-chili-reserve de magellans-pingouins

Ils sont nombreux et tranquilles, se chauffant au soleil de cette belle journée. visiblement ce n’est pas encore l’heure de la baignade! Malgré notre attente, aucun n’ira à l’eau. Nous repartons.

Nous arrivons à Puerto Natales en fin d’après-midi toujours sous le soleil. C’est une petite ville avec des rues droites où il est facile de se repérer.

Puerto natales-chili

Nous trouvons très facilement l’hôtel « Francis Drake ». Il est tenu par un français qui a beaucoup voyagé mais qui se lamente de la désertion de Puerto Natales par les touristes. Selon lui, depuis la construction d’hôtels dans le parc Las Torres del Paine, les touristes ne passent plus par Puerto Natales. C’est sans doute vrai que l’installation de ces hôtels a fait de l’ombre au monopole de Puerto Natales. Mais j’ai vu dans la plupart des programmes des tours operators, une halte dans cette ville.

Quoi qu’il en soit, en ce qui nous concerne, nous souhaitons la découvrir. L’architecture de la ville n’est pas exceptionnelle et cela n’a rien à voir avec ce que nous avons vu jusqu’ici. Cela me fait penser davantage aux villes du Canada qu’à l’Amérique du sud. Ce qui s’explique très bien puisque les premiers colons, installés plus tardivement qu’ailleurs étaient des européens, attirés par les très grandes surfaces disponible pour le développement d’élevage d’ovins. Ils créèrent les « estancias », des sortes de ranchs. Les Huacos (gardiens des troupeaux) représentent une ethnie à part entière, qui mélange européens et amérindiens. Puerto Natales fut fondée en 1911 sur le canal Señoret et le fjord Última Esperanza. La ville est reliée à l’océan pacifique par le golfe Almirante Montt. La Patagonie est un vaste territoire, découpé de multiples bras et mers intérieurs.

Après avoir acheté des lunettes, indispensables pour moi, nous décidons d’aller voir le musée local. Il est très modeste mais nous y apprenons beaucoup sur les peuples d’origine de cette partie australe du Chili. Notamment qu’ils vivaient près des bras de mer, exclusivement de pêche. Les photos, prises au début du siècle, nous montrent les derniers survivants de ce peuple, qui avaient su s’adapter à la rigueur du climat. En effet sur les photos ils étaient très peu vêtus! ils furent décimés peu de temps après l’arrivée des colons.

Puerto natales-chili-musée
Puerto natales-chili

Après la visite, il fait faim! Nous choisissons d’aller dans un beau, grand restaurant avec vue sur le port: le « Mama Rosa ». Une atmosphère confortable nous attend et surtout un repas gastronomique, un de mes meilleurs souvenirs. surtout si vous passez dans le coin, n’hésitez pas! Nous sommes tellement bien que nous tardons un peu et puis aucun vol ne nous attend demain! les trois jours suivants se feront à notre rythme… Quand enfin nous sortons, la nuit a déposé son voile sombre sur la baie et nous décidons de marcher jusqu’au bout de la ville et nous avons droit à une vue enchanteresse de Puerto Natales

Puerto natales-Chili

Revenant sur nos pas et avant de rejoindre l’hôtel, nous profitons longuement des tableaux peints sur l’horizon…Je vous laisse admirer.

Puerto natales-chili
Puerto natales-chili
Puerto natales-chili
Puerto natales-chili

Comment ne pas bien dormir après cela!

Pour le petit déjeuner nous gonflons nos sacs de réserves, ne sachant pas ce que nous trouverons à l’intérieur du parc. Nous reprenons la route. en longeant des hectares de prairies où paissent des milliers de moutons…Nous croisons d’ailleurs des rancheros sur leurs chevaux. Je suis très surprise de voir que toute cette terre est privée, fermée de kilomètres de barbelés, nous sommes loin des terres libres du Nord.

prairie Patagonie
carte torres del paine-chili
La route jusqu’au parc Torres del Paine

Petit à petit le paysage change au fur et à mesure qu’on se rapproche du parc. Après lecture des brochures touristiques, je vois que nous sommes très près de la « caverne de Milodon ». J’avais vu un documentaire à la télévision ce qui m’incite encore davantage à aller rendre visite à cet antique mastodon. Je ne suis pas déçue. La cavité est immense et profonde. Nos silhouettes se perdent sur la photographie! Et oui, le petit point blanc au centre c’est un visiteur et comme vous le constatez, il n’est même pas arrivé au fond de la caverne! c’est absolument ahurissant!

caverne milodon-patagonie-chili

Bon vous voulez voir à quoi il ressemblait ce milodon? Bien sûr il a disparu depuis fort longtemps (environ moins 3000 ans) mais voilà à quoi on pouvait s’attendre si on le rencontrait…C’est une reconstitution qui a pu être réalisée après la découverte en 1895, de peau, d’os et d’autres restes. il est classé dans la catégorie des paresseux mais quelque peu géant! C’était un herbivore mais malgré des hommes ont pu le côtoyer, ayant eux même laissé des traces de leur passage dans la grotte (-6000 ans)… Un endroit exceptionnel à voir…

caverne milodon-patagonie-chili

Allez c’est reparti sur la piste, il y a encore beaucoup de route car nous n’avons parcouru que 25 kilomètres, une broutille dans cette immensité et nous devons rejoindre l’hôtel de « Las Torres ».

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Les paysages sont grandioses contrastés de bleus, de verts intenses avec des dégradés de gris.Nous commençons à percevoir avec émotion ce que la nature va nous offrir pendant ces trois jours dans ce territoire préservé et sauvage. Au loin les montagnes de « las torres del Paine ».

patagonie-chili
patagonie-chili

Enfin nous arrivons au check point de l’entrée du Parc à la Porteria Serrano. On nous donne toute la documentation pour nous repérer. Nous nous acquittons des 3000 pesos pour l’entrée et étudions avec soin la carte car les distances sont tellement grandes à l’intérieur du parc, que nous devons réfléchir à notre circuit.

patagonie-chili- carte Parc torres del paine
Parc Torres-del-paine – Notre itinéraire-Points rouges-

Encore une fois, j’ai fait des repérages en France pour voir un glacier…Une compagnie permettait de nous rapprocher au plus près en bateau sur le Lago Grey. Cela tombe bien, nous sommes en début d’après-midi et il est indiqué un départ vers 14h30. De plus le Lago Gray est au sud du parc, ce sera notre première visite. La carte nous indique par des numéros, le fil de notre circuit. La piste se déroule sous la voiture avec des passages un peu chaotiques mais globalement, nous roulons à une moyenne de 80 kms/heure.

Nous arrivons vers 13h30 au Lago Grey. Un superbe hôtel se trouve au bord du lac avec un bar agrémenté d’une terrasse donnant sur le lac. Après renseignements, on nous dit que c’est complet pour la visite et on nous propose de nous mettre en liste d’attente car il arrive souvent, vu les distances que les personnes ayant réservé ne soient pas au départ. OK…On tente notre chance en attendant en buvant un café et espérant pouvoir embarquer… Ce jour là, la chance est avec nous car il reste trois places pour le départ. c’est parti. On doit pérégriner pendant un kilomètre pour rejoindre l’embarcadère. Sur le chemin, nous traversons un pont puis une forêt qui donne sur une immense lagune de sable. L’air est doux, nous sommes en tee shirt mais nous avons emmené toutes nos affaires chaudes.

Lago grey-torres del paine-patagonie-chili
Lago grey-torres del paine-patagonie-chili
Lago grey-torres del paine-patagonie-chili

Le groupe est constitué d’une vingtaine de personnes. Nous savons que nous devons monter au préalable dans un zodiac qui doit faire la navette pour embarquer tout le monde dans le bateau. Bientôt l’embarcadère est en vue mais nous ne voyons pas de zodiac. Mais le temps d’y arriver, il est là avec deux hommes qui aident chacun de nous à monter dans le bateau.Bientôt l’embarcadère est en vue mais nous ne voyons pas de zodiac. Mais le temps d’y arriver, il est là avec deux hommes qui aident chacun de nous à monter dans le bateau.

Lago grey-torres del paine-patagonie-chili

Le transfert se fait assez rapidement et bientôt nous sommes tous dans le gros bateau. Enfin nous allons voir le glacier, nous sommes impatients.

Pendant notre approche, qui est très lente non pas parce que le bateau va lentement mais parce que les paysages sont impressionnants et que nous sommes tous petits face à cette immensité. Et le glacier qui semble très près est en fin de compte très éloigné. L’un des hommes nous expliquent que le glacier a beaucoup reculé au fil des années et qu’auparavant il passait par dessus les deux masses rocheuses que l’on voit de chaque côté du glacier…

Lago grey-torres del paine-patagonie-chili


Mais encore une fois, la Patagonie apprend la patience, il faut mériter humblement ce qu’on reçoit car il nous faudra deux heures pour rejoindre le fond du lagon.Au fil de la remontée vers le glacier, malgré un soleil éclatant, l’air devient plus froid et bientôt il faut nous rhabiller…Les gens se pressent à la proue du navire pour ne rien perdre de l’approche du glacier.

Lago grey-torres del paine-patagonie-chili

Nous en prenons plein les yeux…Je me félicite d’avoir préparé soigneusement notre voyage qui nous a permis de ne pas passer à côté de cet instant d’intense émotion. Merci mon Dieu de nous avoir donné le coup de pouce miraculeux pour être là!!! Le capitaine, sachant que nous ne sommes pas encore près d’arriver, il nous demande de descendre dans la cabine où il va nous être servi un whisky agrémenté d’un glaçon qui date de milliers d’années…qui provient du glacier! Une anglaise interpelle alors le capitaine lui demandant s’il fait toujours aussi froid! Le capitaine assez surpris lui répond qu’une telle journée ensoleillée, sans vent, est exceptionnelle ici… L’instant d’admirer le glacier de près arrive, nous remontons sur le pont….Un choc esthétique

Lago grey-torres del paine-patagonie-chili
Lago grey-torres del paine-patagonie-chili
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Lago grey-torres del paine-patagonie-chili
Lago grey-torres del paine-patagonie-chili

Puis nous repartons la tête dans les nuages… En regardant la carte, nous constatons assez rapidement que notre hôtel se trouvant tout au nord du parc, cela nous obligerait à remonter pour redescendre le lendemain pour réaliser notre circuit…En effet, tout au nord, les « torres » permettent de faire du trekking et de la randonnée de montagne, ce que nous n’avons pas souhaité faire. Nous préférons plutôt marcher sur les sentiers et voir les différents points de vue plus au sud.

Nous téléphonons donc à l’hôtel de Las Torres où nous étions attendus le soir même pour décommander la nuit et partons vers la Pousada Serrano réserver une chambre. Elle se trouve à l’entrée du parc où nous devions retourner de toute façon puisque l’embranchement pour la remontée vers les nord passe par ce point. Ainsi, le lendemain nous aurons toute la journée pour aller à l’hôtel de Las Torres. Dans l’organisation d’un voyage en Patagonie, le calcul des distances est un point crucial, d’autant qu’on ne peut pas rouler trop vite sur les pistes.

La pousada Serrano nous accueille et nous offre une chambre avec trois lits superposés : ce sera bien suffisant. En outre il y a une petite salle de repos avec de bons canapés confortables et une salle pour le petit déjeuner. Parfait!

Nous sommes le 17 février et nous partons vers les saltos, traduisez cascades: la petite et la grande. La première est à une heure de route et la deuxième encore à une heure. Nous passons un pont où il est précisé que la voiture doit passer avec un seul passager: je suis au volant et je demande à Caroline et Nelson de descendre. Mon mari s’obstinera à rester dans la voiture prétendant que cela ne craint rien. Ne voulant pas tenter le diable, je lui laisse le volant. après tout c’est lui qui tombera dans le torrent!

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La salto Chico est une cascade dont l’eau passe du lago Péhoé au Rio Paine. L’hôtel explora, véritable verrue dans le paysage nous gâche un peu notre plaisir. c’est un bâtiment de béton blanchi qui est au bord de la cascade. Cela ne nous empêche pas de faire une belle balade aux alentours

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Le temps semble rester au beau fixe mais par prudence, nous gardons en permanence nos doudounes avec nous, ayant été informés que le temps pouvait changer avec brusquerie et que la température baissait alors très vite, avec la levée de vents très forts. Après une bonne heure de balade, nous repartons vers le salto grande.

C’est sans conteste, une grose cascade! Le flux des eaux du lac Nordernskjöld se rétrécit dans un goulet qui offre une première petite cascade avant de tomber avec une deuxième cascade. Le fracas de l’eau est impressionnant.

torres del paine-patagonie-chili-salto grande
Le salto Grande du parc torres del Paine

Je m’approche du bord pour observer le tumulte de l’eau quand je vois en contre bas un arbre perché sur les rochers. Il est impossible de ne pas faire une photo de ce point de vue exceptionnel. À califourchon sur un rocher suspendu, je me hisse pour faire mon cliché…Caroline m’invective disant que j’étais folle, que ce n’était pas raisonnable bref elle avait peur alors que je ne craignais rien étant bien assise…Voilà donc la photo qui m’a valu de me faire gronder par ma fille!!!! Avouez que cela aurait été dommage de ne pas immortaliser cette superbe image!

torres del paine-patagonie-chili-salto grande
torres del paine-patagonie-chili-salto grande

Mais n’étant pas rancunière, son sourire revient vite et nous demandons à une personne de nous prendre en photo.Nous aurons la surprise d’y voir un arc en ciel dans l’objectif.

L’atmosphère se réchauffe encore et nous tombons le pull…Quand nous serons rentrés et que nous montrerons nos photos à ma soeur qui était passée dans le parc trois jours avant nous, elle sera dégoûtée: ils ont été emmitoufflés pendant tout leur séjour à cause de la pluie et du vent glacé!!! Nous mesurons notre chance d’avoir pu apprécier la beauté du paysage dans toute sa splendeur. Surtout quand l’on sait que la température en été oscille entre 17° et 5°!

À partir du salto grande, une longue balade de 4 kms part remontant la rive du lac Nordernskjöld qui conduit à deux « mirador », entendez point de vue : le mirador Cuernos et le mirador Nordernskjöld. Le sentier ne semble pas être trop emprunté, super, nous nous y engageons. Le chemin serpente parmi une végétation drue avec des bosquets serrés qui présentent de belles épines, de quoi bien s’égatigner mais qui permet à la faune de se mettre à l’abri.

Nous débouchons bientôt sur une plage au sable gris, une petite pause avant de repartir.

Au détour du sentier, le mirador de Cuernos s’ouvre à notre regard sur une vue magnifique du massif montagneux.

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Cette balade fut vraiment agréable, nous étions seuls, sans croiser personne. Nous ne sommes pas allés au bout, laissant de côté le deuxième mirador. Nous rebroussons chemin car l’après-midi avance et il reste encore des choses à voir sur les quarante kilomètres restant avant de rejoindre l’hôtel.

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L’après-midi touche à sa fin et nous arrivons à l’hôtel de « Las Torres ». Ils se situent juste en dessous du massif, sur une vaste étendue de landes. C’est une bâtisse massive et rudimentaire de type auberge de jeunesse avec des chambres aux lits superposés. Pour ceux qui ont connu les colos, cela y ressemble. Nous passerons le soir et le lendemain matin à lézarder, nous contentant de marcher aux alentours de l’hôtel. Puis nous reprenons la route vers Puerto Natales pour retourner à l’hôtel « Francis Drake ». Il nous reste un peu de temps avant la soirée ce qui nous permet d’aller au « craft market », où sont rassemblées de petites boutiques d’artisanat. De retour à pied vers l’hôtel, nous sommes suivis par plusieurs chiens qui nous adoptent le temps de notre promenade.

Départ pour Punta Arena tôt le lendemain matin pour profiter de la ville. Trois heures de route et nous voilà dans les faubourgs. Nous voyons un curieux bâtiment en féraille. C’est une église.

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Nous nous dirigeons vers le centre. Sur la route, des pancartes nous indiquent le cimetière comme un lieu à visiter. ok…effectivement, cet immense cimetière vaut le détour par sa démesure. De très grandes allées bordées de cyprès tout aussi grands quadrillent le cimetière. Des mausolées énormes, à l’architecture soignée côtoient de petites tombes modestes car ici, il semble que c’est dans la mort que l’on doit montrer sa richesse; Il s’ensuit une « compétition » du plus grand mausolée…Ce qui frappe également, ce sont les noms en provenance de toutes les contrées du monde, particulièrement de Croatie qui représente 50% de la population, qui a fait de Punta Arenas une ville cosmopolite.

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cimetière Punta Arenas

Après cette visite improvisée, nous poursuivons notre tour de la ville. Mais nous manquons de temps pour véritablement l’investir et ne faisons que parcourir les rues d’autant que nous avons le ventre vide car notre petit déjeuner n’est plus qu’un lointain souvenir! Notre choix se fait dans un restaurant du centre qui n’a pas grand intérêt.

La ville s’est développée autour de son port, noeud stratégique commercial. Malgré quelques bâtiments cossus, les rues sont assez banales et nous restons un peu sur notre faim, de visites puisque nos estomacs sont pleins! Sans doute y aurait -il davantage à explorer mais nous n’en avons pas le temps car il faut rendre la voiture à 17h à l’aéroport qui se trouve encore à 20 kilomètres. Nous quittons donc Punta Arenas pour retrouver la capitale. Notre vol est à 19h et notre arrivée à Santiago est prévue à 22h30. Un taxi nous ramène dans le quartier de Providencia où habite ma nièce.

Santiago, la belle sud américaine

Trois jours pour découvrir la capitale. Pour notre première journée, nous voulons monter sur la colline de San Cristobal, coiffée de la haute statue de la vierge. Mais avant cela, nous souhaitons voir le palais de la Moneda, partiellement détruite par les bombardements du coup d’état de 1973 dirigé par Augusto Pinochet, dont la poigne garda le pays sous une des dictatures les plus terribles du siècle.C’est dans ses murs que Salvador Allende, alors président, se suicida. Le garde à l’entrée, impressionnant par sa stature a accepté d’être pris en photo…

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La colline San cristobal avec au sommet la Virgen

Pour ce faire, nous prenons le métro qui je dois dire m’a impressionnée par sa propreté et son calme! Nous sommes loin des rames bondées et puantes de notre métro parisien. il a été réalisé par une entreprise franco-chilienne. Après ce petit tour, nous revenons sur nos pas pour rejoindre San Cristobal.

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La colline de San Cristobal se trouve tout près du quartier Providencia. Nous sommes ainsi sûr de ne pas trop nous éloigner à pied. Sur le chemin, nous achetons un jus d’orange pressé devant nous avec de VRAIES oranges, impossible de résister!

Pour accéder au funiculaire, nous traversons un joli parc où on propose aux enfants des tours de ….LAMAS. et oui ici pas de poneys!

La montée dans le funiculaire est longue car le dénivellé est assez important. Nous débouchons sur l’esplanade avec une vue imprenable sur Santiago. Le jeu étant de repérer l’immeuble rue Anonio Varas…Mais nous n’y parviendrons pas! Tout se ressemble vue d’une si grande hauteur.

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Nous montons une flopée de marches qui nous amène à un terre plein central en forme d’arène où sont disposés des gradins. Au centre un autel. Sans doute des messes sont-elles célébrées dans ce site exceptionnel. Au dessus de nous la masse de la statue de la Vierge.

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Le temps d’admirer la vue sous toutes ses coutures et nous repartons par un chemin qui théoriquement descend la colline par l’arrière…Enfin c’est ce qui est indiqué sur le plan….Las! après des kilomètres (en tout cas cela m’a paru très long et éreintant, j’ai été même jusqu’à retirer mes sandales tellement mes pieds étaient endoloris) sous un cagnard assoiffant, nous nous retrouvons au dessus d’un quartier qu’on aurait dit ne plus être Santiago! Nous bifurquons à un croisement et enfin nous retrouvons la civilisation!!! et surtout des arbres qui nous apportent un peu d’ombre. le temps de souffler un peu et c’est reparti. Le chemin descend dans la forêt jusqu’à une aire de jeux.

Fatigués, nous rentrons. Le lendemain, nous sommes invités par Roberto et Veronica au mercado centrale, vaste halles où se tient un marché permanent qui vend des produits alimentaires de toutes sortes, dont les produits de la mer. dans son enceinte on peut manger sur place, des petits restaurant étant installés à l’étage, en terrasse où vous mangez au dessus du marché. Nous sommes guidés dans nos choix par nos deux amis chiliens. C’est aussi l’occasion pour nous de voir la gare centrale, bijou d’architecture construite encore une fois par Gustave Eiffel.

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santiago-chili-gare-gustave eiffel

Après avoir dégusté les spécialités du pays des crabes et de petites huitres très savoureuses, nous quittons nos amis pour repartir visiter le quartier bohème de Bellavista où se trouve notamment la maison du poète Pablo Neruda. On l’appelle aussi le « petit Paris ».

C’est un quartier coloré où de très belles maisons bourgeoises côtoient des ateliers d’artistes et de nombreuses galeries de peinture. Ici aussi, des chiens nous accompagnent le temps d’une balade.

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santiago-chili-quartier bellavista

Nous retournons à l’appartement nous reposer un peu avant de ressortir pour aller manger au restaurant pour notre dernière soirée à Santiago. Départ le lendemain vers Madrid à l’aéroport le 23 février pour un vol à 15h30…Arrivée à Madrid à 9h40 le lendemain…puis vol vers Nantes à 10h30 Arrivée à 11h55…Mais c’était sans compter notre spécialité bien française qui est d’ailleurs d’actualité au moment où j’écris ces lignes: UNE GRÈVE

Nous tombons au tout début d’un préavis de grève déposé par tous les aéroports français…Je ne vais pas vous raconter les détails de cette triste épopée mais j’ai pu enfin dormir dans mon lit après 78 heures de voyage. J’ai erré à la recherche d’un vol pendant deux jours à l’aéroport de Madrid. Mon mari qui avait réussi à obtenir un vol pour Bordeaux est remonté en Vendée pour récupérer sa voiture, puis est redescendu jusqu’à la frontière espagnole à IRUN (j’avais réussi à prendre un vol in extrêmis ) pour me remonter… Car sachez qu’en cas de retard de votre vol ou d’annulation, les vols annulés ne sont pas prioritaires, les derniers passagers arrivés passent avant.

En attente du vol pour Irun après 48 heures à errer dans l’aéroport de Madrid

À peine arrivée, je vois avec effarement à la télévision l’aéroport de Santiago en partie détruit par le terrible seisme qui 24heures après notre départ dévasta le Chili. Epuisée, malgré ce retour catastrophique je me suis dit que nous avions eu beaucoup de chance…

Une dernière chose avant de clore: partout où nous avons acheté quelque chose, jusqu’en les coins les plus reculés, nous avons reçu une facture en échange du moindre peso versé….cogitez là dessus. Je vous dis  » au prochain carnet de voyage » espérant vous avoir fait découvrir, un peu, ce fantastique pays qu’est le Chili.

Merci à Julie, Carlos, Veronica, Roberto, Ginette, Manuel, Carolina, Johnny, Andina, Michel, Crisitan, Carolina, Olaya et Rodrigue pour leur accueil et leur générosité.

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