Description
L’Abbaye Notre dame de Senanque dans le Vaucluse
Cette abbaye cistercienne de style roman est sise sur la commune de Gordes dans le Vaucluse. Elle fait partie des « trois sœurs provençales » témoignant du grand rayonnement de l’ordre cistercien en Provence avec l’abbaye de Silvacane et l’abbaye du Thoronet.
Ce monastère est installé dans le vallon de la rivière Sénancole et est toujours en activité abritant les moines de la congrégation cistercienne de l’Immaculée Conception.
Style et Architecture de Notre Dame de Sénanque
L’abbaye est d’un style roman très sobre car rien ne doit détourner la pensée de Dieu. Elle est le témoin de l’architecture cistercienne primitive comme le préconise Bernard de clairvaux :
- Grand dépouillement des lignes et simplicité de la décoration
- Aucun décor sculpté ou orné : pas de sculptures en bas-relief aux tympans des portails ni de chapiteaux des colonnes ornés. Seuls les motifs géométriques ou végétaux sont acceptés
- Prescription de la couleur et de la représentation : vitraux blancs, sans croix ni représentations.
- Présence du carré monastique : le cloître (issu de la Villa romaine).
La construction est faite en pierres de taille en calcaire et assemblées en grand appareil régulier. Les couvertures sont de lauzes.
L’église abbatiale
L’abside de pur style roman est encadrée de deux chapelles et éclairée par trois ouvertures convergeant vers l’autel. La coupole située à la croisée du transept, part des quatre voûtes en plan carré vers le plan octogonal à son sommet. La nef ne présente aucun décor, la lumière seule (symbole de Dieu) crée l’espace grâce à deux fenêtres et d’un grand oculus orné d’une roue à 12 lobes. Il n’y a pas de grand portail.
Le cloître
Le cloître, centre de la vie de l’abbaye est le lieu de passage qui relie les différentes parties du monastère. C’est également le lieu de lecture et de méditation. Cette cour intérieure est composée de quatre galeries qui ouvrent sur le jardin par douze arcades en plein cintre. Les chapiteaux des colonnes sont ornés de motifs à feuilles d’eau.
La visite de l’abbaye
Vous commencez la visite par la salle des maquettes.
Une partie de l’abbaye se visite en partie : le dortoir des moines de chœur, l’abbatiale, le cloître et la salle capitulaire.
Les principales ressources des moines sont :
- La visite de l’abbaye ;
- La librairie religieuse ;
- La culture du lavandin ;
- La vente de miel et d’essence de lavandin ;
- La vente de divers produits originaires d’autres abbayes.
- Les activités liées aux retraites spirituelles grâce à l’hôtellerie.
Histoire de l’abbaye de notre Dame de Sénanque
La naissance d’un domaine
À l’initiative de l’évêque de Cavaillon, Alphant, un monastère est fondé par des moines cisterciens venant de l’Ardèche en 1148, dans un étroit vallon de 1 km de long et de 300 m de large, terres des Seigneurs de Gordes. Le site correspond aux prescriptions de l’ordre : « on ne doit construire aucun monastère dans les villes, les bourgs et les domaines ruraux » (chap. 9 de la Summa Cartae Caritatis) et surtout, le lieu possède la Sénancole, un cours d’eau.
Deux années plus tard, Guiran de Simiane fit don du monastère au premier abbé, Pierre qui devient abbaye. La construction sera achevée en 1220. Selon les recommandations de la Summa Carta Caritatis (charte de charité et d’unanimité), toute nouvelle fondation doit compter au minimum de 12 moines et d’un abbé. Pourtant, il apparaît selon les textes de référence que seuls six moines sont mentionnés dont Pierre.
Dès 1152, la communauté est si importante qu’une seconde abbaye est fondée dans le Vivarais. En effet, les religieux mettent en valeur les terres agricoles et bénéficient de nombreuses donations de la part des seigneurs de Venasque et de la famille des Simiane. Le tombeau de Geoffroy de Venasque est d’ailleurs toujours dans le transept est.
L’apogée de l’abbaye Notre Dame de Senanque
La prospérité est au rendez-vous pendant tout le XII et XIV e s et à cette période la communauté compte une quarantaine de Frères. L’abbaye accroît son domaine et son influence, c’est l’apogée et les biens de la communauté sont très importants, témoignant de sa richesse :
- Quatre moulins,
- Sept granges,
- Un hôpital à Arles,
- Plusieurs maisons à L’Isle-sur-la-Sorgue, Cavaillon, Carpentras, Marseille,
- Une ferme à Maussane,
- Un hospice à Pernes les Fontaines dont une rue conserve encore le nom de Sénanque.
Et du mont Ventoux à Sisteron, les troupeaux de l’Abbaye ont droit de pâturage. Elle jouit également de 8 kgs de poivre et de cannelle sur la production de la ville de Buis les Baronnies et de 4 kg la veille de Noël sur le port de Marseille.
À la fin du XIVe s, les vaudois du Luberon, venus de la région piémontaise d’Italie s’installent à Gordes…. Ils sont membres d’une église évangélique prônant la pauvreté apostolique et des tensions religieuses affectent la vie de l’abbaye. Ce sont les prémices des prochaines guerres de religion qui éclateront dans tout le royaume de France.
En 1544, 25 Vaudois de Cabrières font une incursion sanglante à Sénanque : les douze moines sont pendus, une partie du monastère est incendié, les archives sont brûlées, le réfectoire, la fontaine et le bâtiment des convers est détruit. Pendant cette période de violence s’ajoute la peste qui s’invite en Avignon.
À la fin du XVIIe s, le monastère ne compte plus que deux religieux. À la mort du dernier moine en 1781, le prieur de l’abbaye du Thoronet administre ce qu’il reste du domaine sans y résider.
Au moment de la Révolution, en 1790, c’est lui qui fait l’inventaire des biens de l’abbaye avec les révolutionnaires. Elle est vendue en 1791pour 28000 fcs de l’époque comme bien national.
Le nouveau propriétaire prévoyant enlève les signes religieux de l’abbaye afin de les préserver : les cloches, la croix et détruit les armoiries du monastère.
La renaissance de Notre Dame de Sénanque
Réinstallation de la communauté de Lerins
En 1854, une communauté de Frères se réinstalle à l’Abbaye avec à sa tête Dom Barnouin, l’abbé de Lerins qui en 1857 négocie le rachat de l’abbaye. M. de Pluvinal, propriétaire accepte la proposition. L’abbé commence une série de travaux de restauration. Celui-ci entreprend d’importants travaux de restauration et d’aménagements. Ainsi il construit un noviciat le long de la rivière, des ateliers autour du logis abbatial, une hôtellerie. La communauté abrite rapidement 72 moines dont Jean Leonard qui devient maître des novices. Ses paroles et ses écrits ont inspiré nombre d’élèves et de religieux. Il est actuellement en commission de béatification.
Les déboires antireligieux
Malgré le développement de la congrégation, le 5 novembre 1880, les moines sont chassés à la suite de la mise en action de la loi contre les congrégations religieuses. La majorité des moines se retirent à Fontfroide ou l’abbaye de Lerins tandis que trois moines sont autorisés à rester s’ils reprennent l’habit séculier.
En 1882, de nouveau l’abbaye est vendue comme bien national pour 15000 francs.
Les moines en 1889 se réinstallent de nouveau sans que le propriétaire les réprouve, mais les autorités les chassent en 1903 et l’abbaye est vendue en 1905 à un rentier de Cavaillon.
Le classement Monument historique salvateur
L’état en 1921 impose au propriétaire le classement monument historique des bâtiments les plus anciens de l’abbaye. En 1926, pour la troisième fois les moines (12) se réinstallent à Sénanque pour suivre les règles conventuelles et rachètent l’abbaye qui devient le Prieuré de l’abbaye de Lérins.
Malheureusement, les moines n’ont pas les capacités financières suffisantes pour entretenir le domaine et en 1969, ils doivent se retirer à la maison mère des îles de Lerins.
Le mécénat culturel
L’abbé de Lérins décide alors de se tourner vers le mécénat en la personne de Paul Berliet un industriel qui accepte un bail emphytéotique durant lequel il s’engage à restaurer les bâtiments de l’abbaye. En effet, ce mécène était à la recherche d’un lieu pour établir un centre culturel et le 24 octobre 1969, la société signe pour tente ans la location de l’abbaye et s’engage sur sa restitution aux moines.
Le centre de rencontre
Paul Berliet sollicite le poète Emmanuel Muheim pour créer un « centre national de rencontres » et avec l’appui du ministère de la Culture, cet espace culturel accueille de 1970 à 1988 des historiens et poètes, spécialistes des religions, artistes et sociologues. L’abbaye de Sénanque devient un haut lieu de rencontres et d’échanges culturels entre des personnalités telles que : François Cheng, Alain Touraine, Jean Tinguely, Michel Rocard, Edgar Morin, Claude Geffré, Henri Maldiney, Pierre Mendès France et bien d’autres encore.
Le 4 octobre 1988, Paul Berliet, avec une grande générosité (le terme du contrat n’était pas échu), remet aux frères une abbaye maintenue en état. Ils s’installent définitivement dans leur domaine.
L’abbaye s’ouvre aux visiteurs qui sont près de 20 000 en 1988 à se présenter pour la visite. Elle se dote alors d’une librairie et d’une hostellerie tout en restant un grand centre d’animation culturelle : concerts, colloques, séminaires, conférences, expositions projections de cinéma, fêtes, stages, retraites, cercles d’études, publications… se succèdent. L’association à la création sera abritée de 1977 à 1985 dans l’aile nord de l’abbaye.
En 2019, ils sont sept frères à suivre la règle de Saint Benoît, faisant vivre l’abbaye grâce à la culture du lavandin, de l’olivier et du travail de la ruche.
Venez soutenir les religieux pour que vive l’abbaye de Notre Dame de Sénanque et qu’ils trouvent les ressources nécessaires à son entretien. En 2018, l’abbatiale a été fermée au public, la nef menaçant de s’effondrer. Les moines ont fait appel aux généreux donateurs pour sauver leur patrimoine. Le financement des travaux est aujourd’hui assuré, grâce à un afflux massif de dons et à la prévision de ce que pourrait rapporter le Loto du patrimoine. Les travaux sont en cours (été 2020).
Remontez le temps en visitant l’abbaye avec l’HistoPad !
Une tablette numérique qui vous plongera dans la vie des premiers moines de Sénanque et vous fera revivre l’abbaye au XIIe s. Partez ensuite à la découverte des moines qui composent aujourd’hui la communauté de Sénanque. L’HistoPad est disponible en 10 langues ( français, anglais, allemand, italien, espagnol, néerlandais, chinois, japonais, polonais et portugais).
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- Addressabbaye de Senanque-84220 Gordes
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- CategoryEdifices Religieux
- LocationAvignon et alentours
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- By valerieJean Biographe
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