Le château Castelnau-Bretenoux près de Cahors

Le château Castelnau-Bretenoux : le plus imposant du Quercy

Cette forteresse médiévale, propriété de l’État, située à Prudhomat, est la plus imposante du Quercy. Les textes font mention d’une Seigneurie de Castelnau dès L’An 860.

Ce serait Hugues II de Castelnau qui serait à l’origine de la construction d’un premier bâti dont il protège les murs par une enceinte. Ayant été excommunié par le Pape, il participe malgré tout aux croisades menées par le comte de Toulouse, d’abord en 1096 puis en 1109. En 1159, Henri II de Plantagenêt obtient la capitulation de Gerbdert Ier, fils de Hugues II après le siège du château.

La forteresse est convoitée par ses voisins et après 30 années de luttes de pouvoir, Bernard de Castelanau se met sous la protection du Roi de France Philippe II Auguste. Malgré cela, le vicomte de Turenne revendique la vassalité du seigneur de Castelanau et demande à l’église d’intervenir. La papauté donne raison au Vicomte de Turenne et Maffre II, baron de Castelnau se soumet.

En 1280, le Seigneur de Castelanau maintient son allégeance au Roi de France, Philippe III qui a écrit:  » malgré les gens du roi d’Angleterre, les possessions des Castelnau ne pouvaient être mises hors la main du roi de France » et ainsi la forteresse devient un enjeu territorial crucial entre le domaine de France et le Roi d’Angleterre. Mais en 1360, après la bataille de Poitiers, par le traité de Brétigny, le Quercy passe dans le giron du Roi d’Angleterre.

Cependant, 10 ans plus tard, Jean Ier de Castelnau réitère son allégeance à Charles V, Roi de France. Ainsi, entre 1438 et 1460, les anglais sont chassés du Quercy. Le château de Castelnau pendant cette période devient le lieu de réunion des Etats du Quercy.

En 1720, la baronne de Castelnau vend ses titres au duc Charles Albert de Luynes qui garde la baronnie jusqu’à la Révolution. En 1793, le commissaire de la République ordonne de tomber le Pont Levis,  combler les fossés,  démolir les tours de la forteresse et détruire les actes établissant les droits féodaux. Il s’ensuit un pillage du château qui est incendié.

Après la Révolution, la propriété est restituée au Duc de Luynes qui en 1830 vend ses terres à Antoine Molyeu de Tessier.  L’état du château est alors déplorable et la commission des Monuments historiques s’inquiète du démantèlement du château pour en vendre les pierres. Le coût des travaux est si important que l’État abandonne la partie d’autant qu’un autre incendie a ravagé l’aile sud-ouest de la forteresse.

Les plafonds sont ruinés exceptés un dont on peut encore admirer les ornements d’époque.

Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’en 1896 quand Jean Mouliérat,  le rachète et entreprend les travaux de restauration jusqu’à sa mort en 1932, où il fait don du château à l’État.

Le château de Castelnau-Bretenoux : une architecture militaire

La colline accueillant la forteresse se trouve au croisement de plusieurs vallées et sa haute masse de pierres rouges se voit de très loin. Son bâti est de forme triangulaire avec une base de plus 80 mètres de côté.

Véritable forteresse, sa protection en impose avec 9 tours rondes, des fossés très profonds et une triple enceinte. La tour de l’auditoire date du XIIe siècle et est la plus vieille construction de l’ensemble, dotée de deux niveaux dont les salles de réunion des Etats du Quercy et deux niveaux de cave.

Le donjon, édifié entre le XIIe et le XIIIe siècles, de 30 m de haut a des murs d’une épaisseur de 2 m et possède 3 étages. Une cloche sera installée en 1475.

Le reste des bâtiments sera édifié au XIVe siècle.

La tour militaire appelée encore grosse tour est renforcée au XVe s pour accueillir l’artillerie, nouvelle méthode de défense, avec les achères et les canonnières. Cette tour de 5 étages réserve les trois derniers étages pour la résidence des Seigneurs.

Au XVIIe siècle, la château sera réaménagé pour en faire un lieu de résidence plus agréable notamment avec l’ajout de salons confortables  et richement parés et d’un balcon.

Le château de Castelnau-Bretenoux est l’un des plus beaux exemples de l’architecture militaire médiévale.

Renaissance d’un château délaissé

Jean Mouliérat, mécène et décorateur

Jean Mouliérat, natif du village de  Vers  près de Cahors, qui acquiert le château en 1896 est un ténor célèbre qui fera  sa résidence dans l’aile ouest, la décorant de nombreux décors d’opéras et d’objet d’art. Quand il décida de faire don à l’Etat du Château, ce fut à la condition que rien ne changea dans la disposition des collections.

La chambre des époux correspond avec une anti chambre pourvue de nombreuses armoires des XVII et XVIIIe s s’ouvre sur un escalier à vis menant aux combles.

La chambre de Marie Caroline Mouliérat

Elle dispose d’une très belle cheminée Renaissance en calcaire marbrier provenant de la carrière de Carennac, ornée de blasons et dauphins achetée au manoir de Maniol.

Des  panneaux « macédoine » agrémentent les fenêtres, datant du XVe et XVIe s.

La chambre de Jean Mouliérat

Cette chambre a peut être accueillie l’assemblée des Etats généraux du Quercy  dont elle a gardé le nom. en effet, en pleine guerre de 100 ans, s’est tenue à l’initiative de Jean de Castelnau la réunion qui décida des rester fidèle au roi de France.

Dans un cabinet attenant à la chambre, on découvre une magnifique fresque murale complétant les arcades dorées du plafond voûté.

La salle des faïences et des étains

Suit la pièce où l’on peut admirer  des faïences et des étains datant du XVII et XVIIIe s chères au ténor, une collection environnée d’une tapisserie de verdure d’Aubusson du XVIIIe. Pour compléter ce magnifique décor, un lustre hollandais du XVIIIe orne le plafond.

Le salon de Luynes

Jean Moulierat baptisa cette pièce en hommage aux Ducs de Luynes, anciens  propriétaires. Commes les autres pièces, ce salon est pourvu d’un riche décor tant dans les huisseries, les  plafonds réhaussés d’or que dans le parquet « Versailles ». Au-dessus de la cheminée, le blason sculpté de la famille Castelnau-Calmont d’Olt. Une curieuse chaise  sur laquelle on s’assied à cheval dans la cheminée  avec deux têtes se faisant face sculptée dans le bois. Sur la table on peut voir un objet  insolite: une cave à liqueur du XVIIe s renfermant quatre carafes de cristal.

Le salon Louis XIV

Pourquoi ce salon porte le nom de l’illustre roi soleil ? A l’image de ce miroir en bois doré, cette pièce revêt les aménagements de l’époque de Louis XIV des années 1660-1670 avec des parquets d’origine et des lambris peints. Peut-être une coquetterie du dernier propriétaire qui a mis sur ces murs les moments forts de sa carrière.

Enfin l’oratoire, devenu salle à manger d’apparat du couple Mouliérat où sont exposés une superbe collection de rétables espagnols du XVe s que transcendent le mobilier religieux gothique, composé de dais, chaires et stalles.

Notre visite se termine et telle une lointaine chatelaine, je m’attarde à l’une des fenêtres du château contemplant l’immense paysage qui s’offre à moi.

Avant de m’éloigner de cette imposante forteresse rouge

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