Les villes dans l’histoire
La période néolithique
L’humanité prend un tournant décisif au cours de la période néolithique, qui changera les structures sociales, économiques et techniques. Cette mutation profonde s’opère quand certaines tribus décident d’abandonner le nomadisme et leur statut de chasseurs-cueilleurs et qu’ils s’installent dans des lieux fixes. Cette évolution débute en Mésopotamie, près des rives du Tigre et de l’Euphrate pour s’étendre, au cours des siècles, dans le monde entier.
Dans un premier temps, vivant de l’agriculture et de l’élevage, ils se rassemblent dans des villages. Puis ils établissent des activités de services, entraînant la création de communautés régies par des pouvoirs institutionnels, politiques et religieux : la ville était née, il y a 5000 ans.
La Mésopotamie, berceau de la civilisation voit se bâtir des villes dont le modèle n’a que très peu changé jusqu’au Moyen-âge : une ville haute, protégée par des murs d’enceinte où se concentre le pouvoir, agrémentée de jardins, de temples et de bâtiments prestigieux ; une ville basse, terres laissées aux artisans et habitants qui se mettent sous la protection de la ville haute et de son réseau d’approvisionnement. Les réseaux s’intensifient et les routes commerciales relient plusieurs villes qui se dotent de ports, faisant évoluer davantage encore l’urbanisme.
L’Antiquité
C’est en Grèce que le plan de la ville qui jusqu’ici s’étendait de façon relativement anarchique, s’organise en damier, les rues partant de la mer formant un vaste échiquier partager en quartiers « spécialisés », selon le statut des habitants (prêtres, guerriers,artisans…)Les romains, reprendront cette forme d’urbanisme, ajoutant à l’urbanisme des innovations techniques liées à l’hygiène (assainissement, thermes), du décorum prestigieux (arcs de triomphe) et lieux de plaisirs (arènes, théâtre).
Les cités romaines influenceront l’ensemble des territoires conquis avant le déclin de la Rome antique au IIIe siècle. Cependant, avant les conquêtes romaines, de nombreuses villes s’étaient édifiées sur le modèle initial en Europe occidentale et centrale : une ville fortifiée basée sur les hauteurs (oppidum et motte castrale).
Le Moyen-âge
Avec les invasions barbares, l’insécurité entraîne un renforcement de la protection des villes avec des enceintes et des remparts, derrière lesquels peuvent se réfugier la population environnante.
C’est pendant cette période que l’autorité religieuse prend le pas sur l’autorité civile et que les prieurés, les monastères et les abbayes accroissent leurs pouvoirs et leurs richesses.
Avec le ralentissement des grandes invasions, le commerce reprend et une nouvelle classe dominante s’empare des villes : les commerçants qui deviendront les notables, mettant en place de nouvelles institutions. L’urbanisme civil prend de l’essor avec la création de beffroi, d’hôtel de ville, halles…Ces nouvelles constructions sont les vitrines de la puissance de ce nouveau pouvoir.
Au XIIe siècle, le cœur des villes s’organise autour des églises et des cathédrales enchâssées dans un canevas de petites ruelles. Les villes attirent de plus en plus de monde et bientôt sont surpeuplées, ce qui oblige les dirigeants à construire de nouvelles enceintes- c’est le cas à Paris sous Philippe Auguste mais aussi dans les grandes villes du sud de la France et dans les agglomérations italiennes-
C’est à cette période que se créent les bastides, villes nouvelles bâties le plus souvent en damier autour d’une place centrale, principalement dans le sud-ouest de la France.
Ainsi les grandes caractéristiques des bastides sont :
- une ville ou un village sur un terrain octroyé par un suzerain laïc ou religieux voire les deux ;
- un plan original sur la base d’un modèle unique en Europe ;
- l’existence d’un acte fondateur et/ou des textes originels ;
- un projet politique fondé notamment sur l’égalité des habitants, leur autonomie pour la gestion de la ville et aussi l’allègement du poids fiscal et juridique qu’avait le suzerain.
La Renaissance
En réaction à la domination du style gothique, chargée de symboles, la renaissance voit le retour du style antique et de sa simplicité : colonnades, frontons triangulaires épurés, des décors sobres aux proportions harmonieuses et symétriques. Ce style émerge en Italie avant d’être importé en France par François 1er et tous ceux l’ayant accompagné dans les guerres d’Italie. Cela se traduit par un élargissement de rues, par la création de grandes places aux abords des édifices publics prestigieux et la construction de maisons aux élégants façades.
Le grand siècle
Cependant les conflits d’une part de la guerre de 100 ans et d’autre part les guerres de religion ont marqué les esprits et sous le règne de Louis XIV, avec Vauban comme ingénieur militaire, fleuriront les villes nouvelles militaires.
En effet avec l’avènement du boulet de métal, capable de mettre à mal les forteresses moyenâgeuses, Vauban repense les stratégies de défense des villes.
Parallèlement, Louis XIV impose le style classique dans toutes ses constructions, qui utilise la perspective et le point de fuite. La ville devient un espace de vie magnifié avec de belles places- Vendôme, Concorde, Place des Vosges, le jardin des Tuileries etc..- et un lieu de culture où s’ouvrent théâtre, boutiques, cafés, promenades à l’image de la ville-Palais qu’est devenu Versailles.
À la fin du XVIIe siècle, la mode s’empare du style baroque, surchargé avant de revenir à la sobriété antique, privilégiée par Bonaparte qui revient de sa campagne d’Egypte.
L’empire
Il marquera l’urbanisme parisien par la percée de la rue de Rivoli et ses grandes arcades, par la construction de grands édifices comme l’hôtel des invalides, l’arc de triomphe ou la pose de l’obélisque sur la place de la concorde, témoin de ses succès militaires.
L’ère industrielle
L’essor urbain est alors marqué par une démographie galopante et nombre de villes sont dans l’obligation d’abattre les anciennes fortifications, permettant d’accueillir de nouveaux quartiers. Cependant beaucoup de misère reste au cœur de ville. Les conditions de vie épouvantables menacent la population des pires maladies. Le baron Hausseman sera chargé d’une part, de remédier à l’état insalubre des quartiers de Paris, transformant radicalement l’aspect de la capitale et d’autre part de permettre aux troupes de circuler plus facilement afin de maintenir l’ordre dans les rues.
Le centre de Paris est désenclavé par l’aménagement des grands boulevards et les quartiers populaires se retrouvent à la périphérie de Paris où naissent les cités ouvrières : une petite maison accolée à un lopin de terre, modèle qui fleurira particulièrement dans le nord de la France (les corons).
Grâce notamment aux grandes expositions universelles de Londres et de Paris, les nouveaux matériaux font leur entrée dans l’architecture nouvelle : le verre, le fer, la fonte et le béton.
Les édifices se multiplient – Pavillon Baltard, tour Eiffel, Crystal Palace, entres autres-et deviennent la vitrine de la puissance industrielle des états occidentaux.
Le XXe siècle
La ville devient le terrain de jeu des architectes visionnaires avec Auguste Perret qui utilise le béton comme matériau de prédilection, déployant un style épuré et fonctionnel comme dans la ville du Havre, Le Corbusier qui développe le concept de ville machine où l’urbanisme doit se résumer à la fonctionnalité de l’habitat collectif, prônant des immeubles en hauteur dont que l’on peut voir à Rezé près de Nantes.
Dans un autre domaine, le XXe siècle voit également la naissance du tourisme. Les villes du littoral se parent de belles promenades en front de mer, bordées de superbes villas – Deauville, Nice, Biarritz etc..-
Conclusion
Notre patrimoine est le fruit d’une très longue histoire. Des hommes ont façonné nos villes et notre territoire selon des desseins politiques, économiques, inspirés par d’autres cultures, d’autres techniques. Aujourd’hui ce patrimoine est précieux, il raconte ce qu’est la France ou ce qu’elle a été.
Puisse cette modeste synthèse apporter des éclaircissements sur la façon dont les hommes ont investi leurs terres, leurs villes.