Jules Hardouin-Mansart, Grand Architecte de France
Le nom de Hardouin-Mansart est associé à Louis XIV et aux réalisations grandioses de ce siècle glorieux. Il a marqué de son empreinte la puissance du Roi au travers des monuments devenus une référence dans l’architecture classique française. Par l’organisation structurée et efficace des ses chantiers, il a promu l’architecture française au rang de modèle pour nombre d’Etats à partir du XVIIIe siècle. Grâce à de nombreux soutiens, dont celui très important de Madame de Montespan, habile courtisan et issu d’une lignée de constructeurs réputés, Hardouin Mansart verra sa carrière s’ouvrir de manière fulgurante à la cour du grand Roi qui lui confiera rapidement de hautes responsabilités.
Jules Hardouin-Mansart: une famille d’architecte-sculpteurs
Né à Paris le 16 avril 1646, il est le fils de Raphaël Hardouin, peintre ordinaire du Roi. Issu d’une famille d’artiste-constructeur, il baigne donc très jeune dans le milieu artistique: un arrière grand-père sculpteur lui même beau-frère du prestigieux sculpteur de la Renaissance Germain Pilon; Un grand-père architecte et sculpteur, Germain Gaultier et un beau frère architecte qui fut le maître de Le Nôtre, Francois Mansart . Ce dernier, homme solitaire et d’un caractère difficile ne se maria pas et n’eut donc pas de descendance. Il reporta son affection sur ses neveux Pierre Delisle et Jules Hardouin et légua à chacun d’eux la moitié de sa fortune. Ils devinrent tous deux architectes mais seul Jules Hardouin acquit la gloire et passa à la postérité.
Ainsi François Mansart initia son neveu pendant son adolescence à l’architecture et au jardinage, confiant également son apprentissage, en dessin et peinture, à Charles Poërson et Liberal Bruant. Celui-ci l’ouvrira à la « stéréotomie » (l’art de la découpe et de l’assemblage des pièces en s’appuyant sur les techniques de dessin permettant de représenter les ouvrages à réaliser). Quant à Liberal Bruant, il lui fit fréquenter ses premiers chantiers – notamment ceux de la Sâlpétrière et des invalides – afin de passer de la théorie à la pratique.
Le destin frappe à sa porte
Robert Arnauld d’Andilly, propriétaire du château de Pomponne, décide de travaux d’envergure pour remettre son château délabré en état. Il demande à François Mansart de lui soumettre un projet de réhabilitation ambitieux mais celui-ci meurt avant d’avoir fini les plans du futur château. C’est l’occasion pour son neveu de prendre la relève malgré son jeune âge et de montrer ses compétences acquises grâce à son excellente formation . Il se lance, achève les plans et propose son projet à son commanditaire qui non seulement les approuve mais en plus lui donne la direction du chantier.
Ce premier chantier est réussi et lui apporte la légitimation nécessaire pour prendre la suite de son grand-oncle, bénéficiant ainsi de sa clientèle. A 22 ans il est à la tête d’un bon capital et devient un heureux parti pour les jeunes filles de Paris. C’est Anne Bodin qui sera l’heureuse élue avec qui il se marie le 3 février 1668.
Les portes vers les sommets s’ouvrent
Il travaille désormais sur nombre de chantiers, notamment les hôtels particuliers de la capitale. Le petit hôtel de Conti- aujourd’hui Hôtel L’Averdy- est sa première création. C’est à cette époque, en 1670, qu’il rencontre André Le Nôtre, alors salué pour la réalisation de ses jardins. Il prend sous sa protection le jeune homme qui comme lui a été formé par François Mansart, ce qui immédiatement les rapproche et l’introduit à la cour du Roi.
Colbert, principal ministre de louis XIV, remarque ce talentueux jeune homme et pour le tester, lui demande de transformer la petite maison du Val de Saint Germain en pied-à-terre propre à recevoir le Roi. En effet, Louis XIV voulait une petite demeure aux environs de Paris. Jules Hardouin-Mansard, ne fera pas un pied-à-terre mais un véritable petit château agrémenté d’une très grande terrasse qui ravit le roi et Madame de Montespan, alors favorite du jeune Roi. Conquise, elle demande à Louis XIV que le jeune architecte réalise un château pour elle. Ce sera le château de Clagny.
Désormais sous la protection de Madame de Montespan, Jules Hardouin-Mansart devient vite l’homme de la situation pour toute construction nouvelle et Louvois, un autre ministre de louis XIV, lui confie le chantier de l’Eglise royale des Invalides et sa petite soeur, l’Eglise Saint-Louis des Invalides. Puis, en 1677, il poursuit par la conception de la Place Vendôme.
La période de Gloire
Tandis que Le Nôtre triomphe à Versailles en imposant les jardins dits « à la française » à toute l’Europe, le Roi souhaite faire de Versailles, Pavillon de chasse construit par son père, la vitrine de son règne en érigeant un Palais Royal à sa dimension. Il fait donc appel à l’architecte, qui a su prouver son talent et lui confie son projet en 1678. Les jardins sont déjà là, réalisés par Le Nôtre qui n’apprécie guère de se faire souffler le chantier alors que lui aussi est architecte. Le malaise s’amplifiera quand Jules Hardouin-Mansart se permettra de modifier les jardins pour réaliser l’Orangerie nouvelle.
Deux campagnes de restauration et d’agrandissement du château avaient précédé notamment avec la réalisation des grands appartements du Roi et ceux de la Reine mais c’est Jules Hardouin-Mansart qui fit de Versailles le prestigieux monument que l’on connaît aujourd’hui avec la Galerie des glaces et ses salons jumeaux, le Salon de la Guerre et celui de la Paix, les ailes dites « aile de Noble » et « aile des Princes » et les travaux titanesques dans les jardins – la Machine de Marly, le Grand Canal et la pièce d’eau des Suisses qui donnèrent à Versailles sa notoriété mondiale.
Dans le même temps, en 1679, Jules Hardouin-Mansart construit le Château de Marly.
Des responsabilités prestigieuses et honorifiques
Abolie quelques années plus tôt, la fonction de premier architecte du Roi est réinstaurée en hommage à celui qui fit de Versailles le plus beau des Palais Royaux que l’Europe entière admire. Jules Hardouin-Mansart est nommé Premier Architecte du Roi et le restera jusqu’à sa mort. Louis XIV l’anoblit aussi par le titre de Comte, uniquement symbolique puisque qu’il n’a aucun comté, ce qui lui permettra de lui décerner l’Ordre de Saint Louis, uniquement ouvert aux nobles.
En 1685, Jules Hardouin-Mansart devenu Inspecteur Général des Bâtiments croule sous le travail et les chantiers. Il crée, afin de déléguer, un « Bureau des dessinateurs.» Sa fonction requiert du doigté et après avoir été l’architecte préféré de Madame de Montespan, désormais en disgrâce, il doit maintenant plaire à la nouvelle favorite et épouse secrète du Roi: Madame de Maintenon. Il dessine pour elle les plans de la Maison de Saint-Cyr.
En 1687, démarre le chantier du Trianon où l’architecte subit une ingérence grandissante du Roi qui le harcèle sans cesse en imposant ses choix. Mais sa fonction le maintient sous les ordres de son Roi. En 1693 Le Nôtre se retire laissant Jules Hardouin-Mansart sans aucune autre rivalité. Pendant des années, il multiplie les chantiers et amasse une véritable fortune.
Du titre symbolique au Comté
En 1699, grâce à sa fortune, Jules Hardouin-Mansart fait l’acquisition du Comté de Sagonne et ainsi peut enfin porter le titre de Comte et devient la même année Surintendant des bâtiments du Roi, fonction exceptionnelle pour un roturier de naissance, ce qui prouve l’attachement du Roi pour son architecte favori.
Il meurt subitement le 11 mai 1708, laissant un héritage prestigieux à ses 5 enfants tant par ses richesses que par l’immense notoriété de son oeuvre.
Génie de l’architecture, Hardouin-Mansart a donné Versailles à la France , un monument qui est sans conteste un des châteaux les plus prestigieux que le Monde entier nous envie. Il a sa place parmi les grands bâtisseurs de la France
Réalisations principales
1641 – 1669 : Maire de Nemours
1669: Le Petit Hôtel de Conti
1674-1677 : Le château de Val
1675-1683 : Le château de Clagny à Versailles
1676 : L hôtel de ville d’Arles
1676-1680 : Le Pavillon de Manse à Chantilly
1677-1699 : La place des Conquêtes (place Vendôme) à Paris
1676-1706 : Achèvement de l’hôtel des Invalides et ses églises
1677-1679 : Le Palais épiscopal de Castres
1679-1684 : Le château de Marly à Marly-Le-Roi
Au château de Versailles :
1677 : Le Bosquet des Dômes
1679-1689 : La façade côté parc, les ailes de retrait du nord et du midi
1684-1686 : La Petite et la Grande Ecurie et la nouvelle Orangerie
1687 : Le Grand Trianon
1698-1710 : La Chapelle Royale et l’Eglise notre Dame de Versailles
1680 : Le château de Saint-Germain-en-Laye
1681 : Hôtel de Beauvillier à Versailles
1682 : Hôtel Colbert de Croissy à Versailles
1682-1684 : Le château de Dampierre en Yvelines
1683 : Hôtel de Chevreuse à Versailles
1684 : Achèvement de la chapelle du château de Chambord
1685 : Le château de Boury-en-Vexin
1685 : La restauration du Palais des Ducs de Bourgogne à Dijon
1686 : La Place des victoires à Paris
1686 : L’orangerie du château de Sceaux
1686 : La Maison Royale de Saint-Louis à Saint-Cyr-l’École
1687-1692 : Les plans de l’Église ND de l’Assomption à Chantilly
1694 : Les plans du château de L’Isle dans le canton de Vaud
1695-1708 : Reconstruction en style gothique, à de l’ Élise Saint-Louis à Passy
1698-1704 : Embellissement du château de Meudon
1698 : Le château de Vanves (lycée Michelet)
1701-1703 : Reconstruction de l’hôtel de ville de Lyons
1701-1722 : L’Église Saint-Roch à Paris
Le parc du château d’Écouen
Le château de Boufflers
La chapelle du château de Serrant à Saint-Georges-sur-Loire
Le château de l’Étang à Audigny