La forteresse de Mornas

Description

La forteresse de Mornas dans le Vaucluse

Dominant le village de Mornas, établi sur la rive gauche du Rhône, la forteresse de Mornas, forte de ses 137 mètres, se dresse, impressionnante sur un éperon rocheux. Depuis l’Antiquité jusqu’à la Révolution française, elle était d’une importance stratégique majeure. Aujourd’hui, faisant l’objet de nombreuses rénovations par l’Association « Les amis de Mornas », elle a été sauvée de la ruine.

jean-louis Zimmermann, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

De l’Antiquité au Moyen-âge.

Outre les traces d’occupation du plateau au néolithique, l’histoire du rocher de Mornas est intimement liée à celle du Rhône qui représentait une frontière entre la Gaule celte (salyens) la gaule romanisée de Massilia (Marseille). Surveiller et maîtriser l’accès au fleuve c’était permettre la sécurité aux habitants et aux marchands.

En 118, les Romains fondèrent la Provincia Romana et l’oppidum gaulois de Mornas, éventuel foyer de rébellion, ne pouvait rester debout. Après le démantèlement de cette première place forte, les romains fondèrent Orange, stationnement de légions romaines, propres à surveiller la vallée.

Au IXe S., Mornas sous la forme de « Rupea Morenata » apparaît dans un texte écrit en vers par l’évêque Théodulphe, « missi dominici » (charge instituée par le pouvoir carolingien). Plus tard, en 911, Conrad 1^er, roi germain cède par don l’ensemble fortifié « le castrum dit de Rocca sur la hauteur » à l’abbaye d’Aniane de l’Archevêché d’Arles qui le donne en fief aux comtes de Toulouse. En effet, Mornas est référencé dans la liste de leurs biens en 983.

Probablement en bois, le castrum se développe ainsi que l’habitat de proximité situé au pied de l’éperon rocheux. En juin 1209, le comte Raymond VI de Toulouse, suite à sa comparution devant les envoyés du pape pour l’assassinat du légat Pierre de Castelnau (fait déclencheur de la croisade contre les albigeois) doit céder plusieurs de ses places fortes dont Mornas.

C’est probablement Alphonse Jourdain, comte de Toulouse qui a construit le premier château.

De nouveau, la forteresse passe à l’Archevêché d’Arles avant d’être reprise par le comte de Toulouse jusqu’en 1229. En effet, à cette date, le traité de Meaux (Paris) met fin au conflit albigeois opposant le comté de Toulouse au royaume de France.

De ce fait, toutes les possessions comtales à l’est du Rhône passent à la couronne de France, à l’exception du Comtat venaissin qui revient au pape. En 1271, la forteresse est placée sous la tutelle des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui, en 1305 abandonne leurs droits, car la forteresse, est trop coûteuse à entretenir.

La place forte joue un rôle important durant la guerre de Cent Ans, surtout contre les compagnies de routiers attirés par la richesse des papes en Avignon, qui ravagent le pays. C’est à cette période que le pape renforce les défenses du château à plusieurs reprises et fait construire notamment l’enceinte de 2 km de long.

LeZibou, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons

De la Renaissance à nos jours

Une période de paix et d’accalmie s’installe, qui dura dans la région un peu moins de 200 ans. De ce fait, l’église néglige l’entretien de la forteresse. Malgré tout, vers 1560, la forteresse est adaptée aux nouvelles techniques de combat, dont la construction d’un moineau-flanquant (caponnière) permettant aux défenseurs de défendre le fond des fossés par des tirs rasants.

Cela n’empêche pas les troupes protestantes de prendre le château. Le 8 juillet 1562, Charles du Puy-Montbrun, huguenot, second du baron des Adrets s’empare de la forteresse et fait précipiter les réfugiés et la garnison du haut de la falaise. Dans les années qui suivent Mornas est alors successivement aux mains des huguenots et des catholiques qui 1568 reprennent le château et font subir le même sort barbare à la garnison protestante.

À la fin du XVIe S., les troubles cessent et n’étant plus un site stratégique de défense, Mornas est abandonné. Déjà peu avant la Révolution, les murailles sont tombées et la forteresse est en ruine. Ce qui reste du château est utilisé sur les divers chantiers de construction aux alentours.

Dès 1927, les restes du château de Mornas ont été inscrits au titre des monuments historiques.

C’est en 1977 que l’association « les amis de Mornas » se lance dans la sauvegarde du château. La rénovation est lente et fastidieuse, mais se poursuit au fil des années.

Ainsi, actuellement, ils sécurisent un mur d’enceinte situé près d’une des tours restaurées. Les bénévoles ont coordonné également des chantiers plus importants comme la restauration de la chapelle St Baudile en 2012 ou 2 des tours en 2018. Les visites sont primordiales pour la restauration avancent.

Aujourd’hui, les bénévoles proposent de nombreuses animations, et reconstitutions, surtout pendant les vacances d’été.